Le matin du 11 septembre 2001, un des avions qui allaient être victimes de pirates de l’air décolle en retard. Partis près de 40 minutes plus tard que les autres appareils ciblés, les passagers à bord du vol 93 de la compagnie United auront donc le temps de prendre connaissance des attentats au World Trade Center et de dire adieu à leur famille avant de d’agir pour tenter d’empêcher que ce quatrième avion frappe sa cible.
Comme je l’écrivais donc, Greengrass tourne son film à la façon d’un documentaire et en temps réel, à partir du moment de l’embarquement. Les outils de son puisant arsenal sont nombreux : pas de sentimentalité, presque pas de musique, aucun visage connu parmi les acteurs. Mieux encore, beaucoup des gens impliqués dans l’incident se jouent eux-mêmes, comme Ben Sliney, directeur des opérations de la FAA, dont c’était la première journée dans ce poste. Cela ajoute encore à l’impression documentaire car les gens dans les tours de contrôle ne sont visiblement pas des acteurs la plupart du temps.
United 93 nous replonge directement dans le matin du 11 septembre, sans analyse et comme si nous ne savions pas ce qui allait se passer. Nous découvrons donc, en même temps que les personnages à l’écran, la séquence d’événements tragiques. Pardonnez cette comparaison boiteuse mais c’est un peu comme regarder un épisode de 24 qu’on saurait horriblement vrai. Et à chaque nouvelle pièce du puzzle, la tension et l’émotion montent d’un autre cran, jusqu’à un paroxysme difficile à endurer et impossible à égaler.
En tant que membre des médias (j’épaulais Gilles Parent dans son émission spéciale à CHOI FM cette journée-là), j’ai été plongé dans le 11 septembre sans vraiment le vivre, avec le détachement professionnel qui accompagne une telle couverture. Je ne suis donc pas « écoeuré » d’entendre parler de cet incident, l’événement le plus marquant de l’Amérique moderne.
Sans contredit, United 93 est candidat pour le meilleur film de l’année, déjà. Belle démonstration du pire et du meilleur dans l'humain, je doute qu’on retrouve d’autres oeuvres aussi émotionnellement puissantes cette année.
par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise