Fenêtre secrète Affiche de film

Fenêtre secrète

Secret Window

Lire en anglais

Critique

Grand fan de Stephen King depuis plus de 20 ans, j'ai toujours trouvé que Fenêtre secrète était une des nouvelles les moins intéressantes du recueil Minuit 4, publié en 1990. De plus, les adaptations d'œuvres de King déçoivent déjà souvent, à quelques exceptions près, alors imaginez lorsque la source est de qualité moindre...

Mort Rainey, écrivain à succès, se remet difficilement des infidélités de sa femme. Au beau milieu d'un divorce, il s'exile à sa maison de campagne dans l'espoir de se remettre à écrire et d'avoir un peu la paix. Un jour, un inconnu fort insistant cogne à sa porte. L'étrange John Shooter accuse Rainey d'avoir volé une de ses histoires, et est prêt à aller loin pour forcer Rainey à 'réparer les dommages'.

La nouvelle dont est tirée ce film était essentiellement un monologue du protagoniste. Le film retient cette structure, insérant ici et là quelques personnages aux courtes apparitions mais présentant surtout Depp seul avec lui-même et ses craintes. S'il arrive à offrir un personnage excentrique mais sympathique, la prévisibilité de l'intrigue annule la tension potentielle du thriller. C'est l'équivalent cinématographique de la peinture par numéro (tel choc ici, tel sursaut là) et seul le jeu maniéré de Depp garde l'attention une fois passé la marque du mi-chemin. Le mystère entourant John Shooter et ses affirmations se dissipe rapidement, surtout devant les invraisemblances répétées.

David Koepp, bon scénariste (Panic Room, Spider-man) mais réalisateur inégal (Stir of Echoes), maintient le cap aussi longtemps que possible mais ne peut empêcher toute l'entreprise de crouler. Trop peu de surprises, suspense interrompu et finalement une finale difficile à avaler. Même quand on a lu la nouvelle de King. Niveau visuel, le film fait le maximum avec son (de toute évidence) petit budget. Si les paysages québécois (le film a été tourné ici, vous en avez certainement entendu parler) rappelle adéquatement la Nouvelle Angleterre si chère à King, les séquences censées se dérouler à New York ont l'air totalement fausses.

N'empêche une autre performance de qualité de Johnny Depp, Fenêtre secrète finit par s'effriter à mesure que l'on avance vers sa résolution. En même temps, j'admire le culot de la fin, atypique des productions américaines. Le dénouement final amuse mais les minutes précédentes ont malheureusement anéanti la sympathie du spectateur et le bon vouloir du cinéphile.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise

Change Location