Intime Affiche de film

Intime

Closer

  • Date de sortie: vendredi 3 décembre 2004
  • Genre: Drame

  • Réalisateur: Mike Nichols
  • Producteur: Mike Nichols, Cary Brokaw, John Calley
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Critique

Intime/Closer a débuté comme pièce de théâtre de Patrick Marber de 1997. Marber a lui-même adapté sa pièce en scénario pour le film de Mike Nichols qu’on en a tiré et c’est évident, car Intime/Closer ressemble encore à s’y méprendre à une pièce de théâtre filmée, contrairement à un film comme Voyage au pays imaginaire/Finding Neverland dont les origines sont similaires.

Dan rencontre Alice, une américaine fuyant à Londres le fantôme d’une relation terminée. Dan la trouve adorable et en fait sa possession immédiatement. Puis Dan rencontre Anna, une autre américaine à Londres, et en tombe amoureux au premier coup d’œil. Il la courtise, mais sans laisser Alice, des fois que… Puis par un truc méchant de Dan, Anna rencontre Larry et s’en éprend. Et puis sa se complique.

Intime/Closer n’a rien d’un film facile. N’y allez pas en cherchant un drame romantique. Aucune romance à y trouver, et le drame tient dans les personnages et leurs rapports tordus. Intime/Closer se concentre en effet sur les pires moments des relations amoureuses et les plus bas instincts des hommes, en escamotant toute la partie « heureuse » des relations amoureuses. Ceci dit, le film générera assurément des discussions enflammées et s’ouvre à bon nombre d’interprétations, ce qui n’en fait donc pas un mauvais film. Mais Intime/Closer est une dissection clinique des relations interpersonnelles et non un examen de l’amour. On trouve très peu (en fait, pas du tout selon moi) d’amour dans ce film. On y trouve seulement des gens qui s’accrochent l’un à l’autre pour diverses raisons généralement égoïstes.

Si le film revendique une émotion équivalente à celle de la musique de Damien Rice (dont la superbe Blower’s Daughter ouvre et ferme le film), il n’y parvient absolument pas. Les personnages sont beaucoup trop loin de nous pour qu’on s’implique vraiment et pour que les dialogues et actions résonnent, à une poignée d’exceptions près. C’est d’ailleurs ce qui chagrine le plus : certaines scènes illustrent une réalité tellement nue, la nature humaine à son plus vulnérable, qu’on ne peut que regretter que ce qui les entoure soit si artificiel. L’honnêteté de ces passages détonne avec l’ensemble du film, dont les développements forcés sonnent souvent faux, comme une invention du scénario et non une réaction naturelle d’être humain qui aime.

Aucune des interprétations ne peut être décrite comme nuancée, mais Owen et Portman s’y donnent particulièrement et atteignent au moins une variété de notes. Law fait son possible avec le matériel ingrat et Roberts quant à elle révèle une fois de plus les limites de son talent. Roberts semble incapable d’incarner toute autre personne que Julia Roberts et le contraste avec les trois autres, des acteurs à part entière, est frappant. On lui a donné le personnages d’Anna à jouer parce qu’il est le plus effacé et requiert donc le moins d’éclat mais Roberts n’arrive pas à la rendre humaine. On dirait plutôt un automate.

Ce que Nichols (The Graduate, Carnal Knowledge) livre ici est une dissertation intellectuelle sur la nature des rapports qui unissent certains types de personnes, intelligente certes mais faisant fi de tout bon côté desdits rapports. C’est une illustration distante et froide, crue et visant les adultes avertis, dont le message ultime semble être que l’amour véritable n’existe plus, que l’intimité est impossible. Triste constat s’il s’avérait vrai, mais heureusement pour nous il ne l’est pas tout à fait.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise

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