Sois cool Affiche de film

Sois cool

Be Cool

  • Date de sortie: vendredi 4 mars 2005
  • Genre: Comédie

  • Réalisateur: F. Gary Gray
  • Producteur: Danny DeVito, Michael Shamberg, Stacey Sher, David Nicksay
  • Scénario: Peter Steinfeld
  • Studio: MGM Pictures
  • Durée: 1h 54m
  • Site officiel: www.becoolmovie.com
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Critique

Au cours des deux premières minutes de Sois cool/Be Cool, le personnage de Chili Palmer (John Travolta, de retour de C’est le petit qu’il nous faut/Get Shorty) affirme qu’il déteste les suites. Ha-ha. Comme si cela allait excuser le reste du désastre illogique qu’est le film.

Fatigué de la politique et du caractère mercantile de l’industrie du cinéma (encore une fois : ha-ha), Chili Palmer décide de quitter le domaine et de se lancer dans le monde de la musique. Ça tombe bien car son copain Tommy, patron d’une compagnie de disques, lui parle d’une jeune chanteuse à surveiller, juste avant qu’il ne se fasse assassiner devant Chili par une bande de gangsters russes. Chili décide donc d’utiliser cette jeune chanteuse pour se lancer dans l’industrie musicale, même si cette dernière a déjà un contrat avec une maison de disque rivale. Ensuite, ça se complique.

Pour reprendre le thème du film, là où C’est le petit qu’il nous faut/Get Shorty nous présentait un personnage central irrémédiablement « cool », la suite joue à être cool sans y parvenir. Tout y est trop (et très mal) calculé pour « faire semblant » et l’ensemble empeste l’artificiel. Pire encore, le personnage de Chili, au lieu de propulser l’action, est placé en observateur n’intervenant que rarement dans l’action des autres et répétant les meilleurs répliques du film original sans rien y ajouter. La finesse, l’ironie, le rythme impeccable et l’intelligence du premier film, tourné par Barry Sonnenfeld, sont toutes de qualités absentes de la suite.

Le premier choix, horrible, dévastateur et dont il est impossible de se relever, est d’utiliser Christina Milian comme vedette musicale. Le scénario requiert une rockeuse, une fille à la voix unique, au talent renversant et au lieu de ceci on nous offre une petite chanteuse, mignonne certes mais à la voix totalement générique, comme on en voit des centaines chaque année. Le scénario exige ensuite que les personnages réagissent au « talent » de Milian comme s’il s’agissait de la nouvelle venue du Christ et l’ensemble tombe immédiatement dans un ridicule amateur qui détruit tout semblant de sérieux. Certaines séquences sont tellement ineptes que le spectateur est gêné pour Travolta et Uma Thurman, ce n’est pas peu dire!

Seuls Dwayne The Rock Johnson, en garde du corps gay, et Andre Benjamin (Andre 3000 du groupe Outkast) en apprenti gangster tirent leur épingle du jeu adroitement et avec flair. Les autres performances tombent dans la caricature idiote. C’est d’ailleurs un autre des problèmes majeurs du film de F. Gary Gray : il semble incapable de décider entre parodie et burlesque. Une séquence se place comme un commentaire sur l’industrie alors que la séquence suivante tombe dans les pires clichés que le film prétend dénoncer.

Il n’y a pas une seule séquence du film qui fonctionne pleinement. Soit le rythme est défaillant et on livre des « punchs » sans prendre le temps de les mettre en situation, soit on saute trop rapidement d’une intrigue à l’autre. Cette défaillance de rythme rend d’ailleurs le film trop long et ennuyant, un péché impardonnable avec une telle avalanche de vedettes et de sous-intrigues.

F. Gary Gray et le scénariste Peter Steinfeld ne semblent pas avoir compris que les œuvres d’Elmore Leonard (qui a écrit les romans ayant inspirés les deux films) sont comme du jazz : ils exigent nuance, finesse, savoir-faire, rythme et surtout de l’équilibre. Steinfeld fait d’ailleurs la même chose qu’il avait fait en écrivant la suite Analyze That : il ignore à peu près toutes les qualités de l’original et se contente de recréer des situations du premier film sans comprendre ce qui les a rendues efficaces la première fois.

Le pire, c’est que Sois cool/Be Cool contient sont lot de rires mais l’ensemble est beaucoup trop décousu, illogique, ennuyant et mal assemblé qu’on en ressort profondément déçu. Comme ça, Chili Palmer en a marre des suites? Haha, très drôle Hollywood, sauf quand c’est une fois de plus le spectateur qui sert de dindon de la farce.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise

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