La Chute Affiche de film

La Chute

Downfall

  • Date de sortie: vendredi 11 mars 2005
  • Genre: Drame

  • Réalisateur: Oliver Hirschbiegel
  • Producteur: Bernd Eichinger
  • Scénario: Bernd Eichinger
  • Studio: Odeon Films
  • Durée: 2h 28m
  • Site officiel: www.downfallthefilm.com
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Critique

Candidat cette année à l’oscar du meilleur film étranger, La chute arrive dans nos salles après avoir vogué sur une mer de controverse, principalement parce que certains accusent le film, qui concerne les derniers jours d’Adolf Hitler, de trop humaniser un monstre. Au-delà de la controverse, qu’en est-il du film d’Oliver Hirschbiegel, qui nous avait donné L’expérience/Das Experiment il y a quelques années?

Berlin, 20 avril 1945. Les russes avancent implacablement vers la ville et vont bientôt l’encercler. Plutôt que d’écouter ses conseillers, Adolf Hitler s’enferme avec entêtement dans un bunker sous la chancellerie berlinoise pour faire face aux prochains jours. Pendant qu’au-dessus d’eux la ville brûle, la jeune Traudl Junge, secrétaire du führer, est témoin privilégié des dix derniers jours du régime nazi.

Basé sur deux livres, dont celui co-écrit par Junge elle-même, La chute se veut une chronique très fidèle de ce qui s’est passé lors de ces 10 jours d’avril 1945, prenant fin un peu après le suicide d’Hitler et d’Eva Braun, alors que les russes ont finalement mis la main sur Berlin et forcé les allemands à capituler. Junge elle-même ouvre et clôt le film, servant de guillemets éloquents et émouvant autour de l’histoire. C’est le premier film allemand à prendre de front Hitler depuis 1956. Au lieu de trouver l’entreprise controversée, on devrait plutôt dire : Il était temps. Il était temps que les allemands confrontent l’histoire de leur pays dans leur propre cinéma et il était temps que nous ayons la perspective allemande sur les derniers jours du troisième reich.

Le film est ancré par la performance extraordinairement complexe de Bruno Ganz dans le rôle d’Hitler. Non seulement il lui ressemble mais plus important encore, il arrive à démonter les différentes facettes de la personnalité du dictateur. Ganz s’avère tout simplement fascinant à regarder. Sans trop humaniser le personnage, il arrive à faire voir un personnage complet, capable justement de convaincre et de charmer, capable aussi de la pire colère et folie.

La grande majorité des acteurs impliqués font preuve de nuance et de subtilité, bien dirigés par Hirschbiegel et évitant la caricature grossière. Seul le personnage du chancelier Goebbels parait un peu trop « villainesque » pour la véracité de l’ensemble. Par contre, comme Goebbels et son épouse commettent un des actes les plus ignobles et difficiles à regarder du film, la performance correspond peut-être bien à la vérité.

Hirschbiegel a tourné son film aux studios Bavaria à Munich, au même endroit où Das Boot a été tourné et les similarités ne s’arrêtent pas là. Les deux films s’imprègnent d’une claustrophobie impossible à ignorer. Le spectateur vit donc un peu la même situation que les gens du bunker, n’ayant droit que très rarement à une bouffée d’air extérieur. Ironiquement, l’équipe de tournage des séquences extérieures était composée d’allemands et de russes, prouvant bien que les deux patries ont fait du chemin depuis.

Ultimement, c’est une profonde tristesse qui nous empoigne et ne nous quitte pas, même des heures après le film. Pas une tristesse pour Hitler et ses sbires, certainement, mais une tristesse pour l’humanité, pour l’aveuglement et la division mortelles que causent sans exception les idéologies. La chute est loin d’être controversé, c’est plutôt un film nécessaire. Difficile, mais nécessaire.

par Nicolas Lacroix
vu en version française

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