Le seigneur des anneaux: le retour du roi Affiche de film

Le seigneur des anneaux: le retour du roi

The Lord of the Rings: The Return of the King

Lire en anglais

Critique

Combien de trilogies peuvent se vanter de s’améliorer à chaque nouveau film? Très peu, comme des exemples très récents nous l’ont prouvé (n’est-ce pas messires Wachowski et Lucas?). C’est tout à l’honneur de Peter Jackson donc que l’adage « garder le meilleur pour la fin » s’applique donc parfaitement à son film, Le retour du roi.

Ce dernier volet s’ouvre sur une séquence fantastique, simple en apparence mais nous replongeant d’une façon extraordinaire dans le bain du Seigneur des anneaux. Deux frères pêchent tranquillement sur une étendue d’eau d’un bleu extraordinaire. Deagol tombe à l’eau et y trouve un anneau, auquel son frère Smeagol s’intéresse vivement. En un brillant montage, la corruption de l’anneau est démontrée de façon tragique. Un fondu sur nos protagonistes Sam et Frodon nous ramène au moment présent et le film est lancé.

Dès le départ, Le retour du roi possède une gravité que les autres films n’avaient pas. Nous savons cette fois que c’est tout ou rien, qu’il n’y a pas d’autre film dans 12 mois et que donc tout peut arriver. Un air de fatalité couvre le film et ses héros comme jamais auparavant et personnellement je l’ai ressenti sans cesse alors que je le trouvais un peu artificiel dans les deux premiers volets. L’extraordinaire musique de Howard Shore contribue d’ailleurs grandement à l’émotion omniprésente du film. La sensation d’aboutissement ajoute également à notre implication émotionnelle dans ce dernier film.

Oui, il y a encore de fabuleux combats, des conflits massifs où les héros sont sévèrement inférieurs en nombre, mais ce ne sont pas ces parties qui sont importantes, ni dans le livre de Tolkien ni dans le film de Jackson. Ce qui importe, ce sont les protagonistes, victimes de l’anneau et de sa corruption. Car on peut être victime qu’on survive ou pas. Aucun de ceux qui ont touché l’anneau ne survivent inchangés. C’est ce qui rend la finale du film, que certains trouveront larmoyantes (mais qui épouse parfaitement le bouquin), si touchante et si pénible. L’auteur Tolkien avait fait la guerre, en était revenu un homme changé et il a transposé cette expérience à l’écran. À la vie comme à l’écran, ceux qui ont la meilleure chance de s’en sortir sont ceux qui ont une raison de vivre, une attache généralement sous la forme d’une personne aimée. Les autres ne peuvent que tenter de recoller les morceaux de leur existence brisée.

Plus que tout autre, ce troisième film appartient à Sean Astin, Billy Boyd et Ian McKellen. Leurs personnages sont à l’avant-plan de ce film et chacun s’acquitte admirablement de sa tâche. Elijah Wood s’avère aussi efficace même si on lui demande peu, outre avoir l’air épuisé. La destiné de son personnage de Frodon lui donnera cependant l’occasion de se reprendre vers la fin.

Ceci en décevra d’ailleurs certains car, le film a beau s’appeler Le retour du roi, l’arc du personnage d’Aragorn est peut-être un des moins bien rendus. La transformation tant attendue d’Aragorn en roi est trop subtile, trop rapide et sans véritable émotion. De même on voit peu les personnages de Legolas, Gimli et Merry, sans parler de Saruman, complètement absent (ne craignez pas, vous le verrez dans la version longue que prépare Jackson). Quelques autres petits problèmes frappent le film, comme toute l’intrigue concernant Denethor, père de Boromir et Faramir qui devient rapidement fou, qui ne fonctionne pas très bien. On en sait trop peu de Denethor pour que l’intrigue soit efficace.

Si la majorité des effets spéciaux sont de pointe, certaines séquences font un peu artificiel, notamment lorsque des chevaux sont impliqués. On peu aussi en avoir marre, après trois films, de toutes ces batailles où les héros ne font pas le poids, pour finalement être sauvés in extremis par un allié nouvellement arrivé. Mais reste que c’est la structure des romans de Tolkien qui dicte ces combats répétitifs et Jackson fait ce qu’il peut pour les garder palpitants. Il échoue très rarement, ce n’est que l’effet de répétition qui érode l’intérêt.

Il ne s’agit que de minuscules défauts d’un film grandiose, critique oblige, ce qui n’empêche pas que ce film soit de loin le plus achevé des trois, tant sur le plan émotif que visuel. Le seigneur des anneaux : le retour du roi représente le joyau de la couronne de Peter Jackson. Un des films les plus émouvants de l’année et aussi un des plus spectaculaires et la conclusion parfaite à la meilleure trilogie de l’histoire du cinéma.

par Nicolas Lacroix
vu en version française
Change Location