15 ans volés Affiche de film

15 ans volés

Oldboy

  • Date de sortie: vendredi 22 avril 2005
  • Genre: Thriller

  • Réalisateur: Park Chan-wook
  • Producteur: Park Chan-wook, Lim Seung-yong, Kim Dong-ju
  • Scénario: Hwang Jo-yun, Lim Chun-heyong, Park Chan-wook
  • Studio: Odeon Films
  • Durée: 2h 00m
  • Site officiel: www.oldboythemovie.com
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Critique

En mai dernier, les observateurs allumés au cinéma asiatique furent agréablement surpris de voir le coréen Park Chan Wook remporter le grand prix du jury pour son film Oldboy. Aucun doute que la présence de Quentin Tarantino à la tête du jury y fut pour quelque chose. Le cinéma coréen, en émergence depuis quelques années pour son audace, sa fureur et son originalité, fait encore peu de vagues chez le grand public. Espérons que Oldboy changera cet état de choses, mais les doutes sont permis vu la nature extrême du cinéma coréen.

Oh Daesu revient chez lui, éméché par la boisson, lorsqu’il est arrêté pour désordre public. Un de ses bons amis le fait relâcher et Oh Daesu s’apprête à aller célébrer l’anniversaire de sa fillette lorsqu’il disparaît carrément du monde. Il se retrouve enfermé, sans aucune explication, dans une pièce sans aucune fenêtre, avec pour seul compagnon la télé. On le nourrit, on le soigne quand il tente de se suicider, bref on le garde en vie sans lui expliquer ce qu’il fait enfermé et pourquoi. Cela dure 15 ans puis Oh Daesu est relâché. On lui donne un téléphone cellulaire pour que son ennemi puisse communiquer avec lui. Oh Daesu reçoit donc le défi de découvrir la raison de son enlèvement de 15 ans, sans quoi il sera tué dans cinq jours. À demi dément, Oh Daesu veut savoir pourquoi il lui est arrivé ce qui lui est arrivé. Une jeune femme qui l’a pris en pitié lui donne un coup de main.

L’expression « film coup de poing » a été galvaudée au cours des années (quelle expression ne l’a pas été d’ailleurs, dans cette société où les slogans préfabriqués remplacent de plus en plus les analyses approfondies) mais l’expression a été créée pour des films comme Oldboy. L’œuvre de Park Chan Wook nous laisse vidé, pantois, balafré émotionnellement et psychologiquement. Le film explore des extrêmes de comportements et sentiments humains, tant les hauts que les bas. À la fois film de vengeance à la Kill Bill, film noir, drame psychologique, tragédie grecque et plus encore, Oldboy change de direction chaque fois que l’on croit avoir cerné l’intention du cinéaste.

La violence y est omniprésente mais elle n’est jamais, jamais gratuite. Dans le cinéma de Chan Wook, on paie pour nos actions, tôt ou tard. La réalisation reflète un mouvement perpétuel, une propulsion vers une finale inévitable qu’on redoute mais qu’on veut absolument voir. Chan Wook utilise une variété de procédés pour refléter l’état mental de son personnage principal et il en résulte un film constamment enlevant.

Un film aussi extrême dans son exploration de l’humain exige une performance centrale sans faille et l’effort herculéen de Choi Min-sik dans le rôle principal donne toute sa force au film. Il ne m’a jamais été donné d’être témoin d’un tel abandon de la part d’un acteur dans un rôle principal. La performance centrale est féroce, complexe, renversante.

Oldboy est une expérience totalement unique (et combien rares sont les occasions de pouvoir dire cela d’un film!), qui ne plaira certainement pas à tous mais que les cinéphiles le moindrement aventuriers voudront voir sans faute. Du grand cinéma, du cinéma de confrontation brutale, du cinéma complètement tordu. Quel plaisir!

par Nicolas Lacroix
vu en version originale coréenne sous-titrée en anglais

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