Le Royaume des cieux Affiche de film

Le Royaume des cieux

Kingdom of Heaven

  • Date de sortie: vendredi 6 mai 2005
  • Genre: Drame

  • Réalisateur: Ridley Scott
  • Producteur: Ridley Scott
  • Scénario: William Monahan
  • Studio: 20th Century Fox
  • Durée: 2h 25m
  • Site officiel: www.kingdomofheavenmovie.com
Lire en anglais

Critique

Le grand malheur du film Le Royaume des cieux/Kingdom of Heaven de Ridley Scott est d’arriver en mai 2005, alors que nous avons eu droit à Troie, King Arthur et à l’imposante trilogie de Peter Jackson. Alors que la réussite technique du grand spectacle d’hommes innombrables s’entretuant ne suffit plus à nous épater. Après sa version des combats de gladiateurs de la Rome antique, Scott nous offre ici sa version des Croisades chrétiennes.

Les Croisades sont commencées depuis plus de 100 ans lorsque le jeune forgeron Balian, veuf depuis peu, reçoit la visite du baron et chevalier Godfrey, qui lui affirme que Balian est son fils et seul héritier. Le baron enjoint Balian de le suivre à Jérusalem, où il pourra recommencer sa vie et servir le roi Baldwin. Une fois dans la ville sainte, Balian se retrouve pris entre trois idéologies : les Templiers belliqueux, les Chrétiens qui désirent vivre en harmonie avec les Musulmans, et les Musulmans qui voudraient bien remettre la main sur Jérusalem.

Là, ça sonne bien instructif, résumé comme ça, avec chaque faction représentée dans le scénario de William Monahan. Détrompez-vous. On n’apprend pas grand-chose tout au long de ces 145 minutes de simplifications, de coins ronds et de superficialités. C’est d’autant plus dommage que le sujet est on ne peut plus d’actualité même 900 ans plus tard. Au moins, le scénario tente de dépeindre les Chrétiens et les musulmans de façon honnête et équilibrée, deux camps trahis par les éléments plus extrémistes. Seulement, l’impression qu’on en retire est que les événements historiques sont à peine effleurés et la curiosité sur cette époque cruciale n’est pas satisfaite.

La distribution nuit et aide au film en même temps. L’emploi d’Orlando Bloom, lui-même de Troie, de la trilogie des Anneaux et des Pirates des Caraïbes, force les comparaisons. Brendan Gleeson incarne un rôle à peu près identique à celui qu’il jouait dans Troie, un individu qui cherche la guerre là où le roi désire la paix. Déjà que Troie n’était pas extraordinaire, quand un film sent le réchauffé d’un film moyen, ses chances de venir nous chercher sont encore plus faibles. Par contre Edward Norton (dans le rôle du roi masqué), Liam Neeson (qui disparaît trop vite) et Jeremy Irons ajoutent un sérieux dont l’ensemble a bien besoin.

En bout de ligne, Royaume a trop évoqué Troie et une foule d’autres films (incluant le propre Gladiateur de Scott) pour que j’y prenne du plaisir. Vous me direz que les périodes et histoires sont fort différentes… dans les détails, oui. Mais c’est un peu comme si on disait que les Vendredi 13 et les Halloween étaient des films très différents parce que les motifs des tueurs varient. Ça reste des films de tueurs en série, vous comprenez?

Le Royaume des cieux/Kingdom of Heaven est techniquement impressionnant, sans aucun doute. On parle de Ridley Scott après tout. Mais son film garde le spectateur justement au rang de spectateur. On ne se sent pas interpellé par l’intrigue et les péripéties du personnage principal, évocatrices d’autres films, ne tiennent pas en haleine non plus. Scott est un maître du spectacle, certes, mais il sait aussi faire du cinéma percutant et viscéral. Son Royaume n’est ni l’un ni l’autre. C’est un beau film, dont les images captent souvent notre attention, bien plus que ce qui se passe dans le film, mais qui ne fera pas de convertis.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise

Change Location