Bienvenue en Amérique Affiche de film

Bienvenue en Amérique

In America

  • Date de sortie: mercredi 26 novembre 2003
  • Genre: Drame

  • Réalisateur: Jim Sheridan
  • Producteur: Arthur Lappin, Jim Sheridan
  • Site officiel: www.foxsearchlight.com/inamerica/
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Critique

Quand j’ai entendu dire que Jim Sheridan, réalisateur politiquement engagé de My Left Foot, In The Name of The Father et The Boxer, tournait un film intitulé In America, je m’attendais soit à une dénonciation soit à une apologie de l’Amérique. Quand j’ai appris que le film concernait une famille d’irlandais immigrant à New York à la poursuite du rêve américain, j’ai eu peur. Ça sentait la sentimentalité facile à plein nez, le genre de film que je déteste. Le résultat final n’est ni ce que j’espérais, ni ce que je craignais.

Johnny et Sarah traversent la frontière canado-américaine avec leurs deux filles, Christy, 10 ans et Ariel, 7 ans. Immigrants illégaux, ils souhaitent refaire leur vie à New York et peut-être arriver à survivre à la mort de leur fils, Frankie. Mais Johnny, le père, survit en se fermant à toute émotion, ce qui l’empêche de décrocher les rôles qu’il tente d’obtenir lors d’innombrables auditions et éloigne peu à peu sa famille. Sarah, enseignante à l’origine, doit se contenter d’un boulot de serveuse une fois aux États-Unis. La rencontre de la petite famille avec un voisin étrange changera le cours de la vie de chacun des individus.

Le scénario, écrit par le réalisateur et ses deux filles, se base en partie sur la propre expérience de la famille Sheridan lors de leur arrivée aux États-Unis dans les années 80. On y retrouve une foule de petites touches qui font vrai, qui donnent l’impression de voir une vraie famille évoluer et c’est la plus grande qualité du film. À une époque où tellement d’émotions sont factices au cinéma et à la télévision, voici un film plein d’émotion véritable. Le naturel des acteurs et la beauté simple de ces vies viennent à bout de nos défenses et In America séduira tout le monde, sauf peut-être les plus cyniques d’entre nous. Qu’on ressente tant de choses revient entièrement aux talents incommensurables de Sheridan et de sa distribution.

Composé principalement d’acteurs peu ou pas connus, In America n’en est que plus efficace. Paddy Considine rend très bien le père de famille qui use de toutes ses ressources pour rester sain d’esprit même lorsque la situation semble désespérée. L’excellente Samantha Morton (Rapport Minoritaire/Minority Report, Sweet & Lowdown) incarne la mère qui sacrifie tout pour ses enfants. Djimon Hounsou (Amistad) s’avère d’une élégance et d’une puissance impressionnantes dans le rôle du voisin Mateo. Mais la palme revient certainement aux deux filles, soeurs dans la vie de tous les jours, Sarah (11 ans) et Emma Bolger (7 ans). Elles sont d’un naturel absolument désarmant et de bien des façon, la puissance du film repose sur leurs épaules. On leur doit non seulement les scènes les plus drôles mais aussi les plus touchantes.

Le scénario s’appuie souvent sur des tours du destin et une certaine part de magie difficile à avaler, ce qui pourrait rebuter certains spectateurs. La véracité des interactions entre les personnages contraste d’ailleurs avec ces petits airs de fable que Sheridan et ses filles ont insufflés dans le scénario. Certains revirement arrivent donc un peu trop facilement. Mais la leçon ultime en est ainsi renforcée : si on y croit assez fort, les bonnes choses peuvent arriver. Pas par hasard que la petite famille se retrouve à un moment au cinéma pour voir E.T. ! In America a donc bien peu à voir avec l’Amérique, qui n’y est que périphérique. C’est plutôt un film touchant plein de vie, d’humour, de tendresse et d’espoir.

par Nicolas Lacroix
vu en version française
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