James Braddock est un boxeur poids lourd léger, un athlète aux promesses certaines mais qu’on a tendance à sous-estimer. Un peu arrogant, Braddock reçoit deux leçons d’humilité coup sur coup : il perd contre Tommy Loughran, qui le fait paraître comme un amateur et précipite une série de défaites. Puis la Grande Dépression débute et Braddock perd tout. La main droite brisée, Braddock tente tant bien que mal de subvenir aux besoins de sa famille à une période où 15 000 00 d’américains sont sans travail. Le destin lui offrira une seconde chance de se retrouver dans le ring.
Howard choisit de se concentrer sur Braddock hors du ring autant que dans l’arène, démontrant ses grandes valeurs familiales et les circonstances sociales entourant le retour du boxeur. Ainsi, il façonne un film très « rétro » qui aurait pu être tourné dans les années 40 ou 50, l’âge d’or d’Hollywood. Le film fait donc très vieux jeu, ce qui en soit n’est pas mauvais.
Sauf que Cinderella Man est un film correct et son caractère moyen est totalement attribuable à un seul coupable : Akiva Goldsman, scénariste favori de Howard, un gars incapable de faire dans le subtil et incapable de résister à tout ce qui est cucul. Un gars qui a perdu toute ma confiance depuis Un homme d’exception, où une grande partie du scénario censé être « vrai » n’était que pure fabrication du scénariste. Un gars à qui l’on doit les chef-d’œuvres cinématographiques que sont Batman Foever et Lost in Space. Certains de ses dialogues ici, particulièrement ceux donnés à Renee Zellweger, sonnent affreusement faux.
Jim Braddock était possiblement un homme extraordinaire mais on ne le saura pas grâce à ce film parce que Goldsman décide de fabriquer des moments impossibles à prendre au sérieux, malgré les efforts des autres personnes impliquées. Sa béatification de Braddock le garde à distance du spectateur au lieu de nous plonger dans son combat véridique. Ça augure mal pour Da Vinci Code pour lequel Howard a une fois de plus engagé Goldsman. De même, le reste du scénario suit la formule établie avec le copain qui meurt, l’adversaire redoutable et potentiellement mortel ainsi que de nombreux autres clichés du film sportif (particulièrement du film de boxe).
Ce que le film a de bons sont des séquences de boxes efficaces même si elles sont calquées sur d’autres films, une performance superbe du toujours fiable Paul Giamatti (Sideways), une émouvante honnêteté dans le jeu de Russell Crowe et une belle reconstitution du New York des années 30. Crowe se donne pleinement, comme c’est son habitude, soulignant toujours la noblesse de Braddock avant toute autre qualité.
Ce qui agace, ce sont les coins ronds que le film emploie constamment, par exemple en faisant du grand boxeur Max Baer un méchant digne des Nazis ou en ne permettant jamais à Braddock de faiblesse. Howard réalise une fois de plus un film très grand public, sans aucune nuance et crassement manipulateur alors qu’un personnage de la trempe de Braddock aurait mérité un peu plus de véracité.
C’est donc un véritable conte de fée qu’on nous offre : c’est ben « cute » mais on n’y croit pas vraiment.
par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise