40 ans et encore puceau

Critique

Connaissez-vous Steve Carell? Si vous êtes fan de comédie, vous le connaissez sûrement. Il jouait un beau salaud, concurrent de Jim Carrey dans Bruce le Tout-puissant. Il fut correspondant récurrent au sein de l’hilarante émission The Daily Show with Jon Stewart, puis vedette de la version américaine de la série The Office. Ou vous l’avez possiblement vu en présentateur météo timbré dans Anchorman : The Legend of Ron Burgundy. Si vous le connaissez et aimez, courez voir 40 ans et encore puceau. Carell obtient enfin son premier rôle principal et le résultat est un des films les plus drôles de l’année, sinon le plus drôle de l’année jusqu’à maintenant.

Andy Stitzer est comme bien des gars qui n’ont jamais vraiment vieilli. Sa collection de figurines de films et séries télé (attendez de voir son Steve Austin original!) ferait pâlir de jalousie n’importe quel collectionneur. Il prend sa bicyclette pour aller au boulot. Technicien d’une boutique d’appareils électronique, Andy mène une petite vie rangée qui va être chamboulée lorsque ses confrères de travail découvrent son secret : Andy est encore vierge. Ses trois confrères s’engagent alors à l’aider à remédier à cette situation... quitte à le forcer.

De prime abord, 40 ans et encore puceau semble sortir du même moule que les comédies crues à la American Pie. Dans ce cas-ci par contre, la première impression est trompeuse. Plein de charme, de cœur, de chaleur, de sincérité et presque complètement exempt de mesquinerie, rareté dans les comédies d’aujourd’hui, 40 ans et encore puceau se démarque. Ce qui ne veut pas dire que le film n’a pas de mordant, au contraire. La comédie contient un bon lot d’humour très cru mais, différence importante, l’ensemble est plus adulte, dans tous les aspects et pas seulement à cause du langage.

D’abord, on fait d’Andy non pas une caricature ou une parodie mais un personnage de chair et d’os, pas si déconnecté de la réalité qu’on ne le prend pas du tout au sérieux. Ensuite, ses confrères de travail ont beau correspondre à des clichés du type, l’interprétation leur confère une dimension que ce type de personnage n’a pas habituellement. Et finalement, la lumineuse Catherine Keener s’avère un sex-symbol inusité mais combien rafraîchissant. La chimie entre Carell et Keener est immédiate et naturelle.

Les compliments s’étendent aux joueurs de soutien : Paul Rudd, Seth Rogan et Romany Malco sont hilarants et sympathiques malgré les carences morales de leur personnage. Il en va de même pour Jane Lynch, qui joue la patronne d’Andy, ainsi que pour Elizabeth Banks (la secrétaire de J. Jonah Jameson dans les films Spider-man), celle qui offre à Andy l’occasion de perdre sa virginité sans implication romantique.

Le réalisateur Judd Apatow, créateurs des séries Freaks and Geeks et Undeclared, est un spécialiste de l’humour au grand cœur, habitué à présenter au public les absurdités comiques de la vie de tous les jours. 40 ans et encore puceau est sa première réalisation pour le cinéma et chose certaine, il sera à surveiller.

Il s’agit donc d’une comédie tout à fait adulte, tant dans son message que son langage. Ça ne soulage pas autant qu’enfin perdre sa virginité à 40 ans, j’imagine, mais ça fait du bien quand même.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise