La Constance du jardinier Affiche de film

La Constance du jardinier

The Constant Gardener

  • Date de sortie: mercredi 31 août 2005
  • Genre: Thriller

  • Réalisateur: Fernando Meirelles
  • Producteur: Simon Channing-Williams
  • Scénario: Jeffrey Caine
  • Studio: Odeon Films
  • Durée: 2h 08m
  • Site officiel: www.theconstantgardener.com
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Critique

Après une entrée remarquée sur le marché américain grâce à Cité de Dieu, le cinéaste Fernando Meirelles a tourné son premier film pour un grand studio américain, une adaptation du roman d’espionnage de John LeCarre intitulé La constance du jardinier. N’ayant pas lu le roman, impossible de comparer les deux mais le film est certainement tout en subtilité et en douceur. Ce qui peut être un réel problème pour un « suspense ».

Le diplomate Justin Quayle est affecté à Nairobi, Kenya, au haut commissariat britannique qu'il représente au C.E.D.A.O., un organisme chargé de contrôler l'action humanitaire en Afrique. Sa séduisante épouse, Tessa, partie en mission dans le nord du pays, est retrouvée assassinée dans sa Jeep près du lac Turkana. Le médecin africain Arnold Bluhm qui l'accompagnait, et que la rumeur considère comme son amant, est porté disparu. Quayle s’aperçoit qu’il ne connaissait pas vraiment sa femme et tente de découvrir les raisons exactes de sa mort.

Voici un film fabuleusement bien tourné, très bien joué, ayant en son centre une histoire d’amour originale et un message socio-politique terrifiant. Alors comment se fait-il qu’on y ressente si peu, sauf une déprime appréciable, en le voyant? Les deux facettes de l’intrigue sont présentées parallèlement, la mort de Tessa survenant au cours des deux premières minutes du film. Par la suite, les retours en arrière nous font découvrir le couple tragique en même temps que Quayle mène sa petite enquête sur la mort de sa femme et, à un degré tout aussi significatif, sur sa femme elle-même.

D’un côté, la brillance de la présentation de l’histoire d’amour surprend, puisqu’elle se décuple après la mort de Tessa, à mesure que Quayle découvre qui était vraiment sa femme. D’un autre côté, on ne sent jamais vraiment le suspense de ce qui est censé être, à la base, un mystère. Le film est possiblement un peu trop court et les personnages périphériques trop stéréotypés. Quoi qu’il en soit, la tension cède rapidement sa place à la tristesse chez le spectateur. Tout est centré sur le couple Tessa-Justin et, comme nous savons dès le départ qu’elle meurt, le récit s’imprègne d’une beauté mélancolique alors qu’on venait y chercher du suspense.

Les images choisies par Meirelles et son directeur photo César Charlone sont magnifiques. Les transitions entre les plans, le montage, l’utilisation des couleurs sont impeccables, surtout lorsqu’on se retrouve sur le lac Turkana. Une bonne partie du tournage a eu lieu au Kenya et ça parait.

Fiennes et Weitz sont tout aussi fabuleux que les images. Hubert Koundé, dans le rôle du médecin ami de Tessa, sait également en faire beaucoup avec peu de temps à l’écran. La qualité des interprétations se limite cependant là. Danny Huston est affreusement mal choisi pour son rôle de Sandy, patron de Justin. Les « méchants » sont tous joués sans aucune subtilité. Ces performances détonnent face au trio central si efficace et détruisent l’efficacité potentielle de l’aspect « conspiration » du récit.

La Constance du jardinier est un film d’amour tragique fort bien tourné et plutôt efficace. Comme suspense, par contre, il ne passe pas le test. Pour les amoureux de films tout en nuances.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise

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