Basé sur un « fait vécu », le film concerne le procès du père Moore, prêtre qui a tenté d’exorciser une jeune fille « possédée », jeune fille maintenant morte dans des circonstances discutables. Et c’est ici qu’Hollywood s’insère de façon malhabile et forcée dans l’intrigue: L‘avocate chargée de défendre le père Moore est une athée, l’avocat chargé de la poursuite est un croyant dévoué. La carrière de l’avocate est misée sur ce procès. Et bien sûr cette dernière commence à faire l’expérience de phénomènes similaires à ce que Emily Rose a vécu.
Si l’intrigue de base et la juxtaposition de science versus croyance fascine, les raccourcis et libertés du scénario de L’Exorcisme d’Emily Rose dérangent constamment et nous extirpent du récit, complotant pour nous rappeler que nous sommes bien, bien loin d’une quelconque réalité. Des procédures judiciaires discutables (comme admettre des preuves que la couronne n’a pas eu le temps d’examiner) aux clichés du cinéma d’épouvante, ces erreurs tuent vite notre intérêt. Également déplorable est le choix de tourner un film qui sera coté 13 ans et donc d’y aller avec de l’horreur fortement diluée.
Au niveau des positifs on compte certainement les acteurs principaux, qui jouent le tout comme s’il s’agissait du plus sérieux scénario au monde. En particulier, Jennifer Carpenter se contorsionne de façon extraordinaire (certainement aidée ici et là par l’ordinateur) dans le rôle titre. Laura Linney n’est jamais mauvaise et ne l’est pas ici non plus. De même, Tom Wilkinson se la joue sobre dans le rôle du père Moore. Par contre, Colm Feore et Duncan Fraser n’arrivent absolument pas à élever leur caricature de personnage (Feore en méchant patron de Linney et Fraser en témoin condamné d’avance).
La réalisation de Scott Derrickson, qui cosigne également le scénario, passe de l’inspiré (cette superbe image d’ouverture) au style télévisuel (les séquences en cour). Les dialogues de son film frôlent aussi souvent la caricature, ce qui n’aide en rien. Au moins, il choisit d’y aller sobrement dans les effets spéciaux, une heureuse décision vu le degré de difficulté inhérent à proposer une possession « réaliste ».
Somme toute, il s’agit donc d’une autre occasion manquée par Hollywood. Pour les intéressés, une petite recherche Internet du nom Anneliese Michel vous permettra de découvrir la « vraie histoire vraie » qui n’a rien inspiré d’autre qu’un film moyen et assez convenu, jusque dans sa finale qui cherche à plaire à tous.
par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise