Saints-Martyrs-des-Damnés Affiche de film

Saints-Martyrs-des-Damnés

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Critique

Y a des films vachement embêtant à évaluer. Autant à plusieurs moments j’aurais voulu quitter la salle et faire autre chose pendant que je regardais Saints-Martyrs-des-Damnés, autant certaines séquences impressionnaient. Loin du film facile et hautement commercial comme le genre nous donne généralement, le film de Robin Aubert (Temps durs) pèche par ambition, s’il pèche.

Flavien est journaliste, un des derniers, d’un journal jaune de type « National Enquirer » qui a fait ses choux gras avec des ovnis et autres monstruosités factices. Son époque semble révolue mais le rédacteur en chef envoie Flavien et son copain photographe Armand couvrir une « vraie histoire », celle d’un petit village où les gens disparaissent sans laisser de trace.

Saints-Martyrs-des-Damnés, écrit et réalisé par Aubert, démarre comme un film d’épouvante, établissant un climat étrange et empruntant largement au cinéma d’horreur asiatique avec sa mariée errante et son hôtel délabré. Après la disparition d’un personnage cependant, le film délaisse rapidement le format linéaire pour devenir un assemblage déroutant de séquences oniriques. Et à partir de là, certains trouveront génial, d’autres seront déçus.

Aubert semble avoir désiré se faire plaisir en incluant dans son premier film tout et rien, chacune de ses idées, qu’elle ait sa place ou pas, et c’est mon principal problème avec le film. Si on veut nous vendre un film d’épouvante, c’est un échec lamentable. Si on veut nous vendre un film semi-expérimental, alors là c’est plus réussi. Saints-Martyrs-des-Damnés tire dans tous les sens, justement comme un rêve (on parle plutôt de cauchemar ici). Par contre, en finale, Aubert nous ramène sur Terre pour une finale douce-amère plutôt efficace.

La cinématographie est très intéressante, affectant ce style monochromatique délavé si populaire avec certains jeunes cinéastes comme David O’Russell et son Trois rois. Le film a une allure de grosse production, à l’exception peut-être de l’espèce d’entrepôt de la fin. La direction d’acteur d’Aubert s’avère également efficace.

Le film se fixe autour de François Chénier, très bon dans la peau de Flavien et d’Isabelle Blais, tout à fait à l’aise dans celui de Tite-Fille. Se greffent autour d’eux de courtes participations d’une variété d’acteurs dont Patrice Robitaille (savoureux comme toujours), Pierre Collin, Monique Mercure, Monique Miller et plus encore. Tout le monde est bon mais on retient particulièrement Carl Hennebert dans le rôle de Médé, un handicapé, et le jeune Alec Poirier dans le rôle du fils de Tite-Fille.

Robin Aubert exige beaucoup des spectateurs, qui doivent endurer de sérieux cassages de ton et des enchaînements inusités de séquences fantasmagoriques qui n’ont pas toujours de sens (de sens apparent en tout cas). Pour curieux avertis seulement. Si vous cherchez un autre Le Cercle, passez outre.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale française

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