Big Fish : la légende du gros poisson Affiche de film

Big Fish : la légende du gros poisson

Big Fish

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Critique

Après Ed Wood et Ed Scissorhands, Tim Burton nous revient avec un autre Ed, Edward Bloom cette fois, qui n’est pas une création de l’imaginaire du réalisateur mais bien un personnage venu du roman de Daniel Wallace. Mais le personnage était idéal pour Burton : c’est un conteur-né, un homme plus à l’aise dans la fiction que dans la réalité. J’irais plus loin : Edward Bloom est un homme dont l’essence même tient dans ses récits fabuleux. Malheureusement pour lui, ce qui fait son succès auprès de tous ceux qui le rencontrent aliène son propre fils Will, qui dans sa vie a choisi la réalité du journalisme.

Le film (ainsi que le livre, supposons-nous) regorge de métaphores, tellement qu’on en perd le fil. Essentiellement, Big Fish est le récit d’un père préférant l’imaginaire à la réalité et d’un fils qui aimerait bien pour une fois dans sa vie entendre la vérité telle quelle, sans embellissement. Alors qu’Edward est mourant, Will vient à son chevet dans l’espoir ultime qu’il pourra entendre la vérité sur la vie de son père et ainsi le connaître un peu mieux. Sa jeune épouse (la jolie Marion Cotillard de la série TAXI) l’accompagne et permet ainsi à Edward de raconter, une fois de plus, l’histoire de sa vie à travers les fables qu’il fait passer pour la vérité.

Ces fables permettent à Burton de donner libre court à son flair pour les vignettes fantasmagoriques. La nature anecdotique du récit permet au réalisateur une grande variété de styles visuels différents, un peu comme une compilation des meilleurs moments de Burton. L’arbre de Sleepy Hollow, la main d’Edward Scissorhands et plusieurs autres références au passé de Burton s’y retrouvent. Pendant que Burton s’amuse avec ses jouets visuels, de très bons acteurs tentent de donner de la crédibilité à ces fantaisies bon enfant. Deux personnages sont joués par deux acteurs différents : Edward est joué jeune par Ewan McGregor et âgé par Albert Finney. Sa femme est joué jeune par Alison Lohman (Matchstick Men)et âgée par Jessica Lange. Les quatre sont sympathiques à souhait et fort crédibles comme deux versions de la même personne. Billy Crudup (Almost Famous) a quant à lui le rôle ingrat du fils qui peine à voir la magie du monde qui nous entoure. Le film est aussi peuplé d’apparitions savoureuses comme celle de Danny De Vito, de l’incomparable Steve Buscemi ou celle du grand Matthew McGrory, qui mesure 7 pieds 6 pouces (2.29 mètres).

Comme le film est composé de vignettes, l’intérêt qu’on lui porte varie selon les incidents qu’il présente. Le démarrage est long et lent mais une fois qu’Edward quitte sa ville natale (devenue trop petite pour un gros poisson comme lui), Big Fish trouve son rythme et son style. Le film alterne rires et émotions et s’avère particulièrement efficace et remuant lorsque Edward rencontre sa future épouse et vers la fin. La résolution ne manquera pas de tirer une larme ou deux des spectateurs sensibles.

Le but ultime de Burton semble d’être de nous démontrer qu’une part de magie et de fantaisie est absolument nécessaire pour réussir une vie équilibrée. Il a d’ailleurs passé la majeure partie de sa carrière à nous le rappeler. Big Fish s’inscrit donc parfaitement dans sa filmographie même s’il s’agit d’un film inégal et qui n’a pas la folie de ses premières oeuvres.

par Nicolas Lacroix
Vu en version originale anglaise
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