Maurice Richard Affiche de film

Maurice Richard

The Rocket

  • Date de sortie: vendredi 25 novembre 2005 (limité)
  • Genre: Drame

  • Réalisateur: Charles Binamé
  • Producteur: Denise Robert, Daniel Louis
  • Scénario: Ken Scott
  • Studio: Alliance Films
  • Durée: 2h 03m | Classification: G
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Critique

Je ne fais pas partie de cette génération qui s’est identifiée au travers de ses joueurs de hockey. C’est donc avec beaucoup de curiosité que j’approchais Maurice Richard, le film de Charles Binamé sur le joueur du Canadien de Montréal qui a cristallisé l’attention de toute une génération de québécois francophones.

Le film débute le 17 mars 1955, lors de la première émeute de l’histoire de la province. On recule ensuite dans le temps pour remonter au fil des ans vers cette fatidique émeute, représentative de l’écoeurement d’un peuple jusque-là soumis.

Première déception : le scénario de Ken Scott effleure seulement l’homme qu’était Maurice Richard pour se concentrer presque uniquement sur le symbole qu’il a représenté. Là encore, le contexte n’est pas très fouillé et propose la dynamique des « méchants canadiens anglais écrasant les pauvres petits québécois qui ne se tiennent pas debout ». Ce qui était peut-être vrai, mais semble quand même simpliste. Le film ne dit pas cependant que la manifestation de mars 1955 était plutôt limitée à Montréal et que le reste de la province appuyait la décision de Clarence Campbell, président de la LNH qui exclut Richard du jeu pour la fin de la saison.

Donc, à part deux ou trois moments charnières de sa vie professionnelle, on apprend très peu sur Maurice mais on en apprend un peu plus sur « le Rocket », notamment sa relation tumultueuse avec Dick Irvin, l’entraîneur coloré du Canadien. Côté familial, on reste en surface aussi, tout en ayant droit à une belle scène à l’hôpital après la naissance de sa fille Huguette.

Rien à reprocher à Roy Dupuis, efficace tant dans les nombreux moments de silence lourd de Richard que dans les quelques séquences d’émotion. Stephen McHattie (Une histoire de violence) est excellent dans le rôle de Dick Irvin, un homme décent forcé de faire des choses difficiles pour amener ses joueurs à un autre niveau. Patrice Robitaille prête sa bouille sympathique à Butch Bouchard. Quant à Julie LeBerton, elle fait son possible avec un rôle limité, celui de la bonne épouse qui soutient son mari.

Qui dit Charles Binamé dit belles compositions d’images. Son film comporte quelques magnifiques reconstitutions d’époque et des transitions fort habiles entre les séquences, transitions où les personnages semblent s’insérer dans des images d’archives. On se demande d’ailleurs pourquoi le procédé n’a pas été utilisé pour offrir quelques images du vrai Maurice Richard, au moins lors du générique final.

Le film dénote cependant un certain manque de moyens vu le sujet. Là où le film aurait pu nous montrer du grandiose, on reste dans le portrait « intimiste », pour ne pas dire économique. Aucune image de cette fameuse émeute, des foules se résumant à une trentaine de personnes, de très brèves séquences de hockey (bien montées cependant) etc. La biographie d’un personnage aussi mythique aurait certainement profité d’une mise en scène un peu plus élaborée.

Contrairement à Un homme et son péché, Binamé résiste ici à tomber dans le sentimentalisme sirupeux, sauf lorsque la musique de Michel Cusson (généralement très belle) souligne un peu fort l’émotion.

Maurice Richard devrait faire des affaires d’or. C’est léché, juste assez rétro, efficace mais ultimement superficiel. Je ne me suis pas ennuyé, loin de là, mais je n’ai pas l’impression d’en avoir appris tellement sur Richard non plus.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale française

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