Bonne soir et bonne chance Affiche de film

Bonne soir et bonne chance

Good Night, and Good Luck.

  • Date de sortie: vendredi 28 octobre 2005 (limité)
  • Genre: Drame

  • Réalisateur: George Clooney
  • Producteur: Grant Heslov
  • Scénario: George Clooney, Grant Heslov
  • Studio: Amberlight Productions
  • Durée: 1h 30m
  • Site officiel: www.goodnightandgoodluck.com
Lire en anglais

Critique

Lorsque le film de George Clooney Good Night, and Good Luck débute, le journaliste Edward R. Murrow donne un discours à des confrères assemblés pour l’honorer. Il parle de la tendance, déjà en 1958, de la télévision de délaisser sa mission civique d’informer les gens au profit de cotes d’écoutes faciles. Tiens tiens…

Good Night, and Good Luck, dont le titre vient de la signature télévisuelle de Murrow, raconte comment le journaliste et son équipe du réseau CBS ont décidé de confronter le sénateur Joseph McCarthy, qui menait alors sa chasse aux communistes et brisant bien des vies sans raison. McCarthy exploitait une peur sans visage pour arriver à ses fins, bafouant ainsi les libertés civiles des Américains. Tiens tiens…

Le film co-écrit et réalisé par Clooney, qui y tient également un rôle, ressemble à s’y méprendre à un documentaire. Débutant de façon assez dense au départ, avec peu de mise en situation et une rapidité de dialogues qui saura en déconcerter certains, le film maintient cependant l’intérêt, non seulement grâce au personnage-monstre qu’est le sénateur McCarthy, joué ici par nul autre que lui-même, mais également à cause de la résonance du propos face à la télévision d’aujourd’hui.

Suintant le cool et la subtilité, le film de Clooney est tout ce qu’il y a de plus rétro, tant dans ses images et son attitude que sa musique (des standards de jazz magnifiquement interprétés par Diane Reeves). Rétro également dans sa façon de se fier au public pour remplir les trous de ce que le scénario (de Clooney et son copain l’acteur Grant Heslov) laisse.

Parlant du scénario, en voici enfin un qui colle de très près aux événements sur lesquels il est basé. Une majorité des dialogues de David Strathairn sont directement tirés des propres paroles de Murrow. Lié à l’utilisation d’images d‘archives pour McCarthy et une hilarante entrevue de Murrow avec Liberace (où l’on parle de son mariage éventuel!), cette rigueur du scénario confère un réalisme implacable au film.

Clooney s’est bien entouré pour cette seconde réalisation (après Confessions d’un homme dangereux). David Strathairn, un acteur que vous avez souvent vu probablement sans en connaître le nom, est crevant de véracité dans son interprétation de Murrow. De même Clooney fait un excellent bras droit dans le rôle du copain et producteur de Murrow, Fred Friendly. Autour d’eux évoluent Robert Downey Junior, Frank Langella, Patricia Clarkson, Jeff Daniels et Ray Wise, tous très bons.

Le plus grand compliment, outre concernant la réalisation de Clooney, doit sûrement être envoyé à Robert Elswit, dont la direction photo est tout simplement sublime. Ses compositions en noir et blanc crèvent l’écran. Elles permettent également une fusion harmonieuse avec les documents d’époques qui parsèment le film.

Good Night, and Good Luck est définitivement un film de tête et non de cœur, ce qui pourrait lui fermer une partie du public. Clooney entreprend ici une démarche courageuse qu’on admire beaucoup sans vraiment s’y investir à fond. Les gens qui s’intéressent aux médias, au journalisme et à plus grande échelle à la politique et à l’histoire américaine ne voudront absolument pas le manquer par contre.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise

Change Location