L'effet papillon Affiche de film

L'effet papillon

The Butterfly Effect

  • Date de sortie: vendredi 23 janvier 2004
  • Genre: Thriller

  • Réalisateur: Eric Bress and J. Mackye Gruber, J. Mackye Gruber
  • Producteur: Anthony Rhulen, Chris Bender, A.J. Dix, J.C. Spink
  • Site officiel: www.butterflyeffectmovie.com
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Critique

L’effet papillon est un terme tiré de la théorie du chaos. Le terme désigne lui-même une théorie selon laquelle un papillon battant des ailes à Bejing peut déclencher un ouragan en Floride. Autrement dit, nos plus petites actions peuvent avoir des répercussions insoupçonnées. Cette théorie est illustrée de façon plutôt littérale par le film The Butterfly Effect qui met en vedette Ashton Kutcher dans son premier film « sérieux ».

La vie d’Evan Treborn ne va pas très bien. Il a à peine 8 ans que déjà, son cerveau commence à bloquer des événements traumatiques de ses souvenirs. Ainsi, Evan doit vivre de fréquents « trous noirs » alors que son esprit tente de se protéger contre des événements trop douloureux comme de l’abus sexuel aux mains du père d’une de ses amies. Après plusieurs tests, un psychologue suggère qu’Evan commence à tenir un journal personnel chaque jour. 13 ans plus tard, le suicide d’une amie d’enfance pousse Evan à expérimenter et à tenter de retourner dans le passé pour améliorer le présent. Ses expériences ont pourtant des conséquences désastreuses.

Tout film concernant les manipulations temporelles comporte son lot d’erreurs et d’impasses logiques mais L’effet papillon ne fait aucun effort pour paraître réaliste ou logique. Le processus qu’Evan utilise pour revenir dans son passé est aussi sérieux qu’une tablette Ouija. Mais c’est dans le résultats de ses tentatives que le film s’intéresse et non dans le procédé pour y parvenir. Et il faut dire que l’intérêt est généralement maintenu, malgré le fait que les co-scénaristes et co-réalisateurs Eric Bress et J. Mackye Gruber y vont un peu fort dans la malchance. Il semble que tous ceux qui entourent Evan sont désaxés d’une façon ou d’une autre.

Malgré sa gravité, le film n’est pas dénué d’humour, volontaire et involontaire. L’effet cumulatif de la malchance qui s’abat sur le pauvre Evan à chaque fois qu’il revient dans le présent après avoir changé le passé fini par nous faire rigoler au lieu de sembler dramatique. Trop, c’est comme pas assez comme le veut le dicton québécois.

Plusieurs jugeront ce film sur sa vedette principale, Ashton Kutcher, surtout connu pour les séries That 70’s Show et Punk’d (sur MTV) et récemment comme l’ami de cœur de Demi Moore. Donc pas vraiment reconnu pour ses talents le monsieur, ni pour son sérieux. Sans crever l’écran, il s’avère tout à fait correct dans ce rôle. Mais ce sont plutôt les acteurs périphériques qui impressionnent dans le film, à commencer par Amy Smart, qui doit jouer plusieurs versions du même personnages et reste crédible à chaque étape. Il en va de même pour les deux jeunes acteurs qui jouent Evan à 8 et 13 ans. Le film est un beau défi pour les acteurs impliqués puisqu’il leur permet de jouer sur plusieurs registres et plusieurs versions différentes des mêmes personnages au gré des réalités parallèles. Le jeune Jesse James (le garçon de As Good as it Gets) frôle souvent la caricature mais paraît assez détraqué pour être marquant dans le personnage de Tommy, le psychopathe de 13 ans.

À la base, L’effet papillon/The Butterfly Effect est une version sadique de Groundhog Day (Le jour de la marmotte). Il s’agit d’un film exceptionnellement sombre et bravo à New Line et aux artisans du film d’avoir eu le courage d’aller au bout de leur noirceur pratiquement sans tricher. Le début du film ressemble plus à un film d’horreur que Freddy vs Jason, pour se transformer par la suite en suspense psychologique. On aborde la pédophilie, la cruauté autant humaine qu’animale, le meurtre, l’inceste et plusieurs autres thèmes tous aussi noirs. Ce n’est donc pas une partie de plaisir, sans compter que les artisans du film semblent vouloir passer le message que les meilleures intentions du monde ne permettent pas de se mêler de la vie des gens qui nous entourent.

En somme, il y a plus d’aspects du film qui fonctionnent qu’il y en a qui ne fonctionnent pas et c’est déjà beaucoup. Si votre curiosité était piquée en voyant la bande-annonce, allez-y avec des attentes suffisamment humbles et vous aimerez.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise
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