1408 (v.f.) Affiche de film

1408 (v.f.)

1408

  • Date de sortie: vendredi 22 juin 2007
  • Genre: Horreur

  • Réalisateur: Mikael Håfström
  • Producteur: Lorenzo di Bonaventura
  • Scénario: Matt Greenberg, Scott Alexander, Larry Karaszewski
  • Studio: Alliance Films
  • Durée: 1h 42m
  • Site officiel: www.1408-themovie.com/
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Critique

Stephen King doit être pas mal nerveux quand vient le temps de parler cinéma. On adapte ses écrits à la chaîne, avec un certain succès il est vrai, mais les résultats des quelques dernières années sont décevants. Depuis The Green Mile en 1999, le grand écran n’a pas bien servi le maître de l’horreur. Oublions le désastreux Dreamcather. Passons rapidement sur Secret Window et Hearts in Atlantis. Bref, on est bien loin du temps des frousses de The Shining et autres Carrie. Tout vient par contre de changer pour l’auteur avec 1408, un film basé sur une de ses nouvelles. Sans crier au génie, l’intensité et l’aspect paranormal qu’on nous sert à de quoi ravir les amateurs de sensations fortes.

Habitué à passer plusieurs heures dans des lieux soi-disant hantés, l’écrivain Mike Henslin en a vu bien d’autres quand vient le temps de séjourner dans la chambre 1408 de l’hôtel Dolphin à New York. Malgré les tentatives répétées du directeur de l’établissement pour convaincre le nouveau client de ne pas s’y rendre, Henslin n’a qu’une seule idée en tête : se payer une petite visite. Il se dit que ça fera toujours une bonne histoire à publier. Or, il ne se doute pas du tout de l’accueil que la chambre va lui réserver et de ce qui l’attend entre ces quatre murs à première vue ordinaires. Ses propres démons et de nombreux événements vont venir le hanter jusqu'à la fin de ses jours…

D’entrée de jeu, il faut préciser que 1408 est davantage un suspense qu’un film d’horreur. Ici, pas de «gore» ni de «trash», pas d’envolées sanglantes où l’hémoglobine est reine. Les scénaristes et le réalisateur suédois Mikael Håfström n’ont pas succombé à la tentation de tout peinturé en rouge; ils ont davantage préféré tester les possibilités du paranormal. Donc, on appréhende plus qu’on ne voit, on nage dans une ambiance, on nous fait croire aux hallucinations. L’idée que tout ça n’est qu’une déviation temporaire du cerveau pourrait d’ailleurs passer par l’esprit de toute personne sensée et prise dans une situation du genre. On nous transporte dans un univers où tout peut arriver, dans un milieu inhospitalier où le temps s’est vraisemblablement déréglé. C’est bien fait, vif et avec une certaine intelligence. Certes, c’est gros et parfois poussé à la limite (le sang qui dégouline du mur), mais dans le contexte, on embarque.

Et durant tout ce séjour pour le moins inquiétant, il y a John Cusack. Fidèle à sa réputation, l’acteur joue avec cœur et réussit à camper un homme qui a des allures de monsieur tout le monde même après avoir vécu un deuil important. Si, durant une partie du film son personnage est désorienté, Cusack sait où il s’en va. Et il nous emmène avec lui. Une chance d’ailleurs, car ce «spécialiste des phénomènes paranormaux» auquel il donne vie ne se dévoile pas beaucoup en début de parcours. Le scénario ne nous donne pas assez de points de repère sur ce Mike Henslin si bien qu’on est (trop ?) rapidement confronté à son univers et à ses préoccupations autres que les nôtres… C’est une des lacunes du film, mais Cusack est suffisamment convaincant pour qu’on laisse ça quelque peu de côté. En fait, c’est sensiblement la même chose pour Samuel L. Jackson dont l’entrée en matière se devait d’être efficace et qui réussit à laisser planer autour de son personnage de directeur d’hôtel une aura de mystère en seulement quelques minutes.

Avec 1408, les surprises et les nombreux rebondissements sont au rendez-vous. La plupart des éléments se voulant d’impact sont efficaces et surtout, diversifiés. Le passé trouble de la fameuse chambre est à point et donne du lustre à l’ensemble. On ne se le cachera pas, les détours qu’on nous fait emprunter à la fin sont tirés par les cheveux, mais la scène finale vaut la peine. Tout comme bon nombre d’autres, par exemple celle à couper le souffle lorsque Cusack tente de changer de chambre en passant par la corniche ou encore celle lorsque toute cette neige et se froid s’abattent instantanément dans la pièce. Bien que le paranormal prend beaucoup de place dans cet univers, on aurait pu avoir droit à quelques explications de plus et à certaines précisions quant aux motivations des personnages. Mais bon, pour ça, on repassera…

On vous laissera peu de répit quand vous mettrez les pieds dans la chambre 1408. Aucune issue possible dans cet endroit qui dit bonjour à ses visiteurs d’une bien drôle de façon. Un film qui n’est pas parfait, mais qui vaut le détour. Contrairement à son héros, Stephen King lui peut donc enfin dormir sur ses deux oreilles.

par Yan Lauzon

vu en version originale anglaise

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