7h58 ce samedi-là Affiche de film

7h58 ce samedi-là

Before the Devil Knows You're Dead

  • Date de sortie: vendredi 23 novembre 2007 (limité)
  • Genre: Thriller

  • Réalisateur: Sidney Lumet
  • Producteur: Michael Cerenzie, Austin Chick, Brian Linse, Paul Parmar, William Gilmore
  • Scénario: Kelly Masterson
  • Studio: THINKFilm
  • Durée: 2h 03m
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Critique

Qui a dit que la famille c’est ce qu’il y a de plus important, que la famille c’est sacré? Sûrement pas la scénariste américaine Kelly Masterson qui a signé le texte du thriller Before the Devil Knows You’re Dead/7h58 ce samedi-là, un film qu’a accepté de réaliser le cinéaste Sidney Lumet, aujourd’hui âgé de 83 ans. Ici, les liens du sang ne sont utilisés que pour parvenir à des fins, aussi tragiques soient-elles. Peu importe que papa, maman ou frérot ait un criant besoin d’aide : si le geste a la possibilité de rapporter gros ou de permettre de se venger efficacement, c’est ce qui compte. Cela dit, le nouveau thriller mettant en vedette Ethan Hawke et Philip Seymour Hoffman réussit à être intéressant, malgré certaines faiblesses impossibles à passer sous silence.

Andy (Hoffman) et son frère Hank (Hawke) ont des problèmes financiers. Le plus vieux, Andy, a une idée en tête pour se sortir de cette précaire situation : cambrioler la bijouterie de ses parents. Il convainc Hank que cet acte va régler leurs problèmes et que son plan est sans faille. Ce dernier accepte, mais devant la lourdeur de la tâche il transfère la responsabilité du crime à son ami Bobby. Les choses tournent au cauchemar quand le voleur se fait assassiner par l’employée présente à la boutique. Pire encore : c’était la mère d’Andy et Hank qui était sur place et elle se retrouve dans un profond coma. Incapable de rester les bras croisés, son mari choisit de mener sa propre enquête.

Before the Devil Knows You’re Dead/7h58 ce samedi-là pue le désespoir. Déprimés, à court de solutions pour améliorer leur sort et visiblement dépassés par les événements, les personnages ont des traits qui sont soulignés au marqueur fluo. Le scénario ne fait pas dans la dentelle et met tout en œuvre pour qu’on comprenne bien que la vie n’est pas facile. Cet entêtement – qui devient presque de l’acharnement – devient rapidement agaçant, et parfois même lassant. Oui, les deux frères cherchent à combler un grand vide dans leur existence. Encore faut-il doser le tout pour que l’émotion soit au rendez-vous. Paradoxalement, malgré qu’elle se doive de porter un certain nombre de pauvres dialogues, l’histoire reste intrigante et bien fignolée. On réussit efficacement à faire planer un mystère tant sur le passé que sur l’avenir. Les revirements de situations, les causes et les conséquences sont judicieusement saupoudrées ici et là et offrent des scènes pour le moins marquantes.

Heureusement également que le cinéaste Sidney Lumet a su manigancer habillement avec le scénario. L’attrait de son long métrage n’aurait sans doute pas été le même s’il n’avait pas jouer avec le récit, se permettant à maintes reprises des sauts dans le temps pour changer le tempo et remettre les choses en perspective. Autre décision tout à son avantage : il a été en mesure d’utiliser la musique à bon escient. Quoique parfois un peu trop présente, elle vient bien souvent rehausser les moments dramatiques. Après avoir pris place plus de soixante-cinq fois derrière la caméra, le réalisateur sait visiblement comment supporter ses scènes. Ça s’entend. Et puis, ça compense un peu pour l’aspect vieillot qui tapisse le film et les contrastes un peu trop sentis entre les différents lieux. À côté du vieil hôpital, de la maison de famille à l’intérieur drabe et du piètre appartement de Hank, l’endroit où Andy va se droguer pourrait passer pour un décor futuriste!

Les personnages ont beau être superficiels et peu crédibles (le rôle défendu par Marisa Tomei frise le ridicule), les acteurs ont tout de même le mérite de se démener. Si on ne peut nier que quelques-uns d’entre eux ont de la gueule, le seul qui réussit toutefois à être vraiment convaincant, c’est Ethan Hawke. Il joue aisément la carte de l’homme mou, stressé et ne parvenant pas à négocier avec ses émotions. À court de solutions, il se fera embarquer par son frère qui considère le vol à la bijouterie comme un échappatoire à un marasme sans fin. Bien souvent, il détonne dans cet univers à l’atmosphère froide et rigide. Par ses réactions spontanées et vives, il ouvre toute grande la porte à une série de possibilités. Sans rien enlever au talent de Philip Seymour Hoffman et à celui d’Albert Finney (qui campe le paternel), leurs personnages projettent quelque chose d’antipathique qui leur fait bien du tort.

Oui, le noyau familial en prend pour son rhume dans Before the Devil Knows You’re Dead/7h58 ce samedi-là. Le dénouement aussi explosif que saisissant en laissera plusieurs pantois. Un Italien dirait sans doute que la familia n’est plus ce qu’elle était. Non, elle craque de partout et il n’y a rien d’assez fort pour colmater les brèches. Le temps a fait son œuvre : ses ravages sont beaucoup trop gros et apparents. Alors à chacun de sauver sa peau. Advienne que pourra...

Par Yan Lauzon

Vu en version originale anglaise.

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