L'Orphelinat Affiche de film

L'Orphelinat

Critique

J’adore les films espagnols de Guillermo del Toro, L’Échine du diable, Cronos et Le Labyrinthe de Pan. Ils sont de merveilleux mélanges d’horreur et de beauté, de ténèbres et d’espoir, de l’innocence de l’enfance et de la perversion adulte. Non, L’Orphelinat n’est pas une réalisation de del Toro (plutôt d’un nouveau venu, J.A. Bayona), mais il pourrait aussi bien l’être. Le film est « présenté » par del Toro, comme Héros de Yimou était présenté par Tarantino. Donc un sceau d’approbation, disant clairement aux fans du cinéaste « Vous aimez mes films, vous allez aimer ce film ». Et pour une fois, la publicité ne ment pas.

Laura est une femme mariée de 37 ans qui rachète l’orphelinat où elle a grandit dans l’espoir de le réouvrir avec son mari et son fils Simon, qui a 7 ans. Aussitôt installés, Simon se découvre de nouveaux amis invisibles (il est coutumier du fait) et même Laura se met à les entendre dans la grande et ancienne demeure. Et puis un jour, Simon disparait…

Le film de Bayona se situe exactement à la croisée des films Les Autres (en bien meilleur), Le Labyrinthe de Pan et La Maison du diable (je parle de la version originale de 1963 de The Haunting, pas Amityville). Le jeune réalisateur arrive parfaitement à évoquer tant les frissons de l’angoisse que les larmes d’émotion pure et donc à allier fantastique et drame familial. Résultat renversant pour une première réalisation. Il est fort bien appuyé par la superbe direction photo d’Oscar Faura, qui arrive à nous faire vouloir visiter ces superbes décors en même temps qu’ils nous font peur.

Une fois les artifices « surnaturels » enlevés, L’Orphelinat repose sur un personnage et sur son combat : celui de Laura, mère désespérée prête à tout pour retrouver son fils disparu. Le casting était donc primordial et l’actrice Belén Rueda, vue il y a quelques années dans La Mer intérieure aux côtés de Javier Bardem, est tout simplement superbe. Faisant une de Niro d’elle-même, Rueda perdit 20 livres pendant le tournage, histoire de rendre l’angoisse qui ronge Laura après la disparition de son fils. Les acteurs de second plan, comme son mari Carlos (Fernando Cayo)et son fils Simon (Roger Princep) sont également à la hauteur et une courte participation de Geraldine Chaplin dans une séance mémorable reste aussi en mémoire.

L’Orphelinat est un de ces superbes films qui plairai à presque tout le monde, même ceux qui ne sont pas fervents de cinéma fantastique. Et justement précisons-le : c’est un film fantastique, pas un film d’horreur. Oubliez l’hémoglobine bon marché et les effets « gore ». L’Orphelinat se déroule tout en subtilité et n’en est pas moins terrifiant, au contraire.

par Nicolas Lacroix
vu en version française

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