Tonnerre sous les tropiques Affiche de film

Tonnerre sous les tropiques

Tropic Thunder

  • Date de sortie: mercredi 13 août 2008
  • Genre: Comédie

  • Réalisateur: Ben Stiller
  • Producteur: Ben Stiller, Eric McLeod, Stuart Cornfeld
  • Scénario: Ben Stiller, Justin Theroux, Etan Cohen
  • Studio: DreamWorks Pictures
  • Durée: 1h 46m
  • Site officiel: www.tropicthunder.com
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Critique

Ben Stiller est avant tout un acteur. Toutefois, il lui arrive de vouloir être en même temps devant et derrière la caméra. Sa dernière tentative remontait en 2001 et le résultat avait été plus ou moins convaincant, les cinéphiles ayant eu droit à la comédie Zoolander. Comme on ne peut éloigner l’humour d’un comique, Stiller remet ça avec Tropic Thunder/Tonnerre sous les tropiques, un film gonflé de gags et bourré d’action. Sans véritable signature de réalisation ou de direction artistique (des images léchées, une musique entraînante et un montage de la sorte sont monnaie courante à Hollywood), son film ne manque pas pour autant d’intensité. Mais l’ardeur au travail ne garantit pas nécessairement le succès...

En plein Vietnam, sur le plateau de tournage du film de guerre Tropic Thunder, se retrouvent cinq acteurs provenant de genres bien différents. Parmi eux, Tugg Speedman (Stiller), une star du cinéma en déclin qui doit à tout prix remonter sa cote auprès du public. Quand les choses se mettent à mal aller sur le site, le réalisateur se laisse convaincre de s’enfoncer dans la jungle avec son équipe pour obtenir des scènes plus intenses. Croyant dur comme fer que tous les incroyables événements qui se produisent font partie du scénario, Speedman joue le jeu jusqu’au bout, à ses risques et périls. Une chance, il n’a pas réussi à convaincre ses collègues de faire comme lui.

La force de ce Tropic Thunder/Tonnerre sous les tropiques réside en partie dans les éléments semblant sortis de nulle part, aboutissant à plusieurs endroits et surtout, tout au long de l’aventure. Le style d’humour peu subtil, vulgaire et sans équivoque est offert d’entrée de jeu, de façon originale. Un clin d’œil intéressant et un bon point de départ pour la suite des choses. Les rebondissements se succèdent à vive allure et ce ne sont pas les péripéties rocambolesques qui vont mettre un frein à l’ardeur de l’équipe au Vietnam. Par contre, hormis une surprise de taille finement travaillée, les revirements de situations, quoique en quantité suffisante, ont une durée de vie plutôt limitée. Et la discorde qui règne dans le groupe deviendra rapidement lassante.

La palme de ce délire d’action et de comédie légère revient par contre à tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué au casting du film. Voir en Robert Downey Jr. un Australien si perfectionniste qu’il paye pour se faire teindre la peau du visage pour obtenir un rôle au sein de la distribution relève de l’exploit. Que dire également de l’énergique Matthew McConaughey qui – sans grande visibilité – a rarement été aussi inspiré. C’est sans compter le vétéran Nick Nolte qui ne fait qu’en rajouter sur l’absurdité de la situation. Et attendez de voir Tom Cruise... Impossible.

Entouré de Justin Heroux et d’Etan Coen, Ben Stiller a voulu nous faire comprendre ses intentions en clamant haut et fort son amour du cinéma américain. Peut-être par le fait même a-t-il voulu donner du lustre à certaines scènes qui manquaient de panache et des références à des séquences qui seraient pourtant vite oubliées. Sans avoir à forcer, on voit clairement l’allusion au drame de guerre Platoon et on nous balance aux oreilles les titres Forrest Gump, Rain Man et tant d’autres. Inévitablement, on a l’impression que les explications dans lesquelles s’insèrent ces films ne sont qu’une façon de camoufler les lacunes du scénario. Or, l’idée de départ, l’entêtement des personnages de Ben Stiller et Robert Downey Jr. et la machine qui découle de leur réussite (ou de leur échec) auraient tous mérité mieux que ces dialogues parfois boiteux, ces répliques vulgaires et ces agissements calqués sur ceux de l’homme de Cro-Magnon. À cet effet, Jack Black parvient sans aide et sans difficulté à ruiner des moments forts avec son postérieur.

Tropic Thunder/Tonnerre sous les tropiques était promu à un bel avenir. Du moins sur papier. Le destin en a voulu autrement. Comme la plupart de ses personnages, l’œuvre de Ben Stiller ne manque pas de munitions. Mais elle aurait pu offrir certains enjeux sociaux et politiques, aussi minimes soient-ils. Au lieu de cela, les faux soldats sont centrés sur eux-mêmes, s’engueulant tour à tour, cherchant constamment à prouver qu’ils ont raison. Divertissant, sans plus.

Par Yan Lauzon

Vu en version originale anglaise.

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