Dans un futur pas très lointain, en pleine Europe de l’Est, un mercenaire américain en exil du nom de Toorop (Vin Diesel) a la chance de retourner dans son pays avec une nouvelle identité. Pour y parvenir, il doit s’assurer qu’Aurora - une adolescente unique et mystérieuse vivant dans un couvent – se rende saine et sauve de la Russie à New York. Pour seule alliée, Toorop aura droit à une nonne qui sait particulièrement bien se défendre. Les épreuves mises sur leur chemin seront nombreuses et fort périlleuses.
À la base, l’intrigue de Babylon A.D./Babylone A.D. semblait simpliste et ne laissait pas présager un développement riche ; il faut maintenant se rendre à l’évidence que le résultat ne génère presque rien d’autre que la perplexité. Sans être dépourvu d’intérêt ou d’idées intéressantes (la publicité omniprésente, le développement et la présence accrue de la technologie), l’ensemble doit surtout négocier avec une histoire qui ne rime pas à grand-chose. L’aspect humain – tout comme les enjeux politiques d’ailleurs – a été mis au rancart. Seul un homme (Vin Diesel ni meilleur ni moins bon qu’à l’habitude, mais assez ténébreux) et les deux femmes qu’il escorte ont, semble-t-il, encore une raison d’errer dans les rues.
Une multitude de personnages gardent l’œil bien ouvert sur cette « livraison spéciale ». Malheureusement, ils ne sont (pratiquement tous) nullement crédibles. Et excentriques à un point tel qu’ils flirtent dangereusement avec le risible. Pourtant, on compte ici plusieurs acteurs ayant déjà fait leur marque dans le merveilleux monde du cinéma, la distribution comprenant entre autres Michelle Yeoh, Gérard Depardieu et Charlotte Rampling. Or, ils ne sont que des caricatures ambulantes, ne parvenant jamais à composer avec les traits de caractère tordus de leurs personnages inintéressants. Unidimensionnels, ces êtres qui peuplent le monde de Babylon A.D./Babylone A.D. n’ont aucun impact positif sur le récit. Balancés dans cette histoire, ils semblent tout droit sortis d’une bande dessinée. Et visiblement, ce n’était pas un effet voulu.
C’est l’acteur et réalisateur français Mathieu Kassovitz - qui a déjà mis en images La Haine, Les Rivières pourpres et Gothika - qui devait se charger de porter au grand écran l’histoire imaginée par l’écrivain Maurice G. Dantec. Ayant les capacités d’offrir des plans et des scènes de qualité, Kassovitz crée quelques moments lumineux, surtout grâce à une direction artistique léchée. Il a certains bons flashs, mais la où sa caméra fait le plus défaut, c’est lorsque vient le temps de présenter des batailles. Sans aucune direction, sa caméra part dans tous les sens, rendant impossible de savoir qui frappe qui et comment. Au moins, les péripéties s’enchaînent. Elles sont nombreuses, diversifiées (quoique exagérées) et courtes. Pas de temps à perdre avec les obstacles qui se dressent sur la route. C’est peut-être d’ailleurs ce qui fait que l’ensemble a un certain cachet, envers et contre tout. Un peu comme la façon d’opérer de Toorop.
À quelques jours à peine de la sortie de son plus récent film, Mathieu Kassovitz a fait une sortie en règle, descendant en flammes ce qu’il venait de passer plusieurs mois à réaliser. Insatisfait des coupures qui lui ont été imposées, il juge que tous ses efforts n’ont servi qu’à offrir un simple long métrage d’action, sans contenu, mais avec beaucoup de violence. Il n’a pas tort. Pour un rythme assez soutenu et une poignée de détails intéressants, il faut ici accepter d’être laissés dans l’ignorance pure et simple concernant une mission qui semble pourtant fort importante. Si le personnage de Vin Diesel semble se balancer complètement des causes et des conséquences de son mandat, normal qu’il en soit ainsi un peu chez le cinéphile.
Par Yan Lauzon
Vu en version originale anglaise.