Le policier Max Payne n’a plus rien à perdre. Et le paradis, il n’en a strictement rien à foutre. Depuis que sa femme et son petit garçon ont été assassinés, il ne pense qu’à une seule chose : se venger. Trois ans après les tristes événements, il veut se charger du dernier individu qui a brisé sa vie en morceaux. Qu’importe s’il a peu d’alliés. Tant pis s’il doit errer dans des quartiers incertains de New York. Surveillez vos arrières : Max Payne est armé et a des comptes à rendre.
Si la tendance se maintient, il ne restera bientôt plus de populaires jeux vidéo n’ayant pas encore eu droit à une « vie « au cinéma. Si les choses restent comme elles sont, aucun scénariste ne sera parvenu à livrer un récit digne de ce nom avec des personnages qui réagissent énormément mieux quand ils sont manipulés avec une manette. Avec un peu de travail – s’éloigner de la fameuse formule hollywoodienne n’aurait pas fait de tort – et une grande rigueur, il y aurait eu quelque chose à tirer de cette histoire d’un homme qui veut que justice soit rendue. Malheureusement, la tâche d’écriture a été bâclée. Et les personnages, pour la plupart, ignorés dans ce monde vide de sens et d’ambitions. Certaines de leurs motivations sont même risibles.
Pourtant, avec toute cette neige et cette pluie qui s’abattent sur la ville, un certain cachet émane des scènes se déroulant à l’extérieur. Là où l’atmosphère aurait gagné à emprunter au film Sin City/Une histoire de Sin City, il n’en est rien. Le monde offert est à mille lieux d’être séduisant. Il n’a strictement rien de mystérieux non plus. Des dialogues simplistes, des batailles impossibles, un héros ordinaire; franchement, les textes n’ont probablement pas eu droit à une relecture. Malgré cela, il reste un groupe d’irréductibles – dont Mark Wahlberg et Chris « Ludacris » - qui nous forcent à rester accrochés, aussi fade et impossible soit toute cette aventure.
Max Payne donne l’impression que tout a été fait à la va-vite. Les uniques rescapées sont ces nombreuses images qui ont pu être peaufinées et montées avec une vision. Du moins traitées d’une façon qui laisse supposer que la direction artistique faisait partie de l’échéancier. Voilà peut-être par contre le seul combat auquel le réalisateur John Moore et son équipe ont choisi de prendre part. Visiblement peu intéressé par les acteurs qui allaient composer la distribution de son film, le cinéaste s’est retrouvé à tourner des scènes avec des hommes et des femmes qui offrent des interprétations presque toujours décalées. Quelques-uns d’entre eux réussissent à tirer parfois leur épingle du jeu, mais on ne leur donne que peu de munitions. Quelles têtes fortes, en bande de surcroît, sont impressionnées par un policier au point de rebrousser chemin avant même d’avoir obtenu ce qu’elles sont venues chercher? Bref, on ne compte plus les personnages faibles.
Comme tous ces auteurs qui se seraient bien passés – avec raison – de voir une de leurs œuvres au cinéma, tous ces créateurs qui ont consacré temps et énergies à développer le jeu Max Payne se seraient bien mieux portés sans l’arrivée sur grand écran de ce film. Et après avoir vu toutes les improbables péripéties auxquelles a dû se soumettre le policier Max Payne, ne reste plus qu’à espérer que Mark Wahlberg saura lire plus efficacement les scénarios qui lui sont envoyés.
Par Yan Lauzon
Vu en version originale anglaise.