Volt

Critique

Impossible pour Disney de perdre la main en enchaînant de la sorte les films destinés à plaire à toute la famille. Avec le petit chien Bolt (appelé Volt en version française), le studio cherchait encore une fois à réunir les éléments nécessaires afin de créer un long métrage facile d’approche pour tous. Eh bien pour se faire, on a pris des ingrédients qui ont fait leurs preuves et on a mis la responsabilité entre les pattes d’un chien assez attachant, mais un peu trop petit pour cette mission. Bolt/Volt est une comédie distrayante, mais surtout orientée vers les enfants. La star canine sait comment se comporter, ayant été élevée comme tant d’autres par Disney. Plus fidèle à son maître que ça, tu meurs.

Bolt est un chien disposant d’incroyables habiletés. Enfin, c’est ce qu’il croit. En réalité, il est plutôt la vedette d’une émission de télévision dans laquelle il vient en aide à une jeune fille et il combat des êtres aux plans machiavéliques. Tout le monde sait que les péripéties sont arrangées avec le gars des vues sauf Bolt. Or, un beau jour il s’évadera de sa caravane stationnée dans un studio d’Hollywood et se retrouvera dans « le vrai monde ». Complètement dépaysé, il apprendra à être un chien, se fera des amis et gardera un objectif bien précis en tête : retrouver son maître.

Si vous croyez encore que les dirigeants de Disney vont changer, oubliez ça immédiatement. Vous n’avez qu’à regarder Bolt/Volt pour constater à quel point les histoires émanant du royaume de Mickey Mouse sont semblables. Cette fois, ce sont les scénaristes Dan Fogelman et Chris Williams qui ont une idée intéressante : raconter les aventures d’un chien qui ne sait pas que lorsqu’on l’appelle à la rescousse, il est filmé. Ce que ça donne? Des premières minutes déstabilisantes où l’on se dit que tout est possible. Des séquences dynamiques telles un jeu vidéo, des plans qui font sourire et qui offrent de belles promesses. Ces dernières ne seront malheureusement pas tenues – il fallait s’en douter -, car les bons sentiments, la découverte de soi et l’importance de l’amitié prendront inévitablement le dessus sur toute exploration, aussi heureuse aurait-elle pu être.

Le duo de réalisateurs – formé de Byron Howard et Chris Williams – se laisse aussi prendre par le jeu. Dès qu’ils en ont la chance, les deux hommes carburent aux plans serrés, au jeu des couleurs, à la musique entraînante et au montage rapide, profitant des quelques libertés dont ils disposent pour croire qu’ils sont sur le plateau de tournage d’un long métrage d’action hollywoodien. Le résultat n’est pas inintéressant, loin de là, certaines séquences étant même tout à fait divertissantes. L’effet pervers, par contre, c’est lorsque l’envolée de bons sentiments refait surface, les faiblesses de l’ensemble reviennent également. Les personnages sont pour la plupart mignons, mais ne sont pas très drôles. Et leur amitié est improbable. Le hamster est probablement le plus comique d’entre tous, déjanté à souhait et convaincu qu’il est né pour une grande aventure.

Toujours un des points positifs d’un film signé Disney, l’animation renferme sa dose de forces et de faiblesses. Les animaux ont tous eu droit à un polissage en règle, bougeant aisément et sachant se faire attendrissants. Pas de doute : ce sont bel et bien eux qui mènent la parade. Par contre, les humains ne disposent pas du même traitement de faveur. En fait, ils ont à peine évolué : on les croirait sortis tout droit d’un film du début des années 2000 alors que déjà, la compagnie Pixar plaçait la barre haute à ce niveau. Et en plus, ils ne disposent pas des meilleurs dialogues du scénario…

Sans aucun véritable mordant, le petit chien Bolt – aussi connu sous le nom de Volt – ne passera pas à l’histoire. Le début de son aventure a beau s’apparenter à celle de Jim Carrey dans The Truman Show/Le show Truman, elle n’en a pas les subtilités. Attachant et convaincant dans la grande majeure partie du film, le chien a réussi à s’entourer d’amis intenses et inventifs. La star canine n’a malheureusement pas eu droit à un récit à la hauteur de ses ambitions.

Par Yan Lauzon

Vu en version originale anglaise.