Babine Affiche de film

Babine

Babine (v.o.f.)

  • Release Date: November 28, 2008 (limited)
  • Genre: Fantasy, Sci-Fi

  • Director: Luc Picard
  • Producer(s): Lorraine Richard, Luc Martineau
  • Writer(s): Fred Pellerin
  • Studio: Alliance Vivafilm
  • Length: 1h 41m
  • Le Score Rotten Tomatoes®
    Audience Score 68%

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Critique

Il n’y a pas si longtemps, peu de gens connaissaient l’existence du village de Saint-Élie-de-Caxton. Or, grâce aux légendes racontées par Fred Pellerin, nombreux sont aujourd’hui les Québécois à savoir qu’il y a un endroit où les histoires fantastiques ont encore une place de choix. Après les livres et les spectacles, le conteur a accepté que l’acteur et réalisateur Luc Picard porte à l’écran un récit qu’il se plaisait pourtant à livrer à voix haute. Et qui, somme toute, n’avait pas besoin d’images pour être illustré. Mais voilà, le film Babine s’est frayé un chemin, nous prouvant que le genre fantastique mériterait qu’on s’y attarde plus souvent.

Il était une fois un village où le temps n’avait pas d’importance. Où les heures et les minutes ne dictaient pas l’allure des gens. Un endroit où vivait un jeune homme, Babine, à qui on imputait tous les torts. Normal : sa mère était considérée comme une sorcière. Une nuit, le presbytère fut la proie des flammes et le curé fut emporté par l’incendie. Le collègue qui vint assurer sa relève ne tarda pas à accuser Babine de ce terrible drame. Or, une chance que veillait au grain Toussaint Brodeur, son ange gardien et aussi inventeur du village… Mais beaucoup d’efforts du duo allaient être nécessaires pour que changent les mentalités…

Après avoir vu Babine, on se demande immédiatement pourquoi le fantastique est un genre auquel les cinéastes ne font pas plus confiance. Surtout au Québec. Car ici, l’histoire est toute simple et racontée de façon modeste, à la fois naturelle et sincère. Le récit joue allègrement avec des choses que l’on voudrait croire possibles, comme un arbre muni d’une horloge, des mouches qui brillent et, sans vouloir révéler une des surprises de ce joyeux univers, un très très gros animal. L’important avec un film de la sorte, c’est de trouver le moyen de ne pas mettre uniquement l’emphase sur le spectaculaire, le clinquant. Pour y parvenir, il y a l’humour, parsemé tout au long de cette sympathique aventure. On ne s’esclaffe pas, mais on apprécie plusieurs détails cocasses, comme cette femme enceinte depuis plus de… 20 ans!

Et que serait ce conte sans la présence de Fred Pellerin qui à titre de narrateur. Il fait bon retrouver cette voix qui sait comment laisser couler une histoire. Petits bémols cependant : on aurait aimé qu’il prenne davantage de place et qu’il construise à lui seul une partie du récit à l’aide d’images toutes simples, un peu comme lorsqu’il le fait seul. Puis, certains personnages qui agrémentent cet univers tirent un peu trop sur la caricature. On ne croit pas vraiment certains acteurs qui jouent sans habiter leur personnage. L’exemple le plus frappant est sans aucun doute le « curé neuf », comme l’appellent les habitants de Saint-Élie-de-Caxton. Un acteur de la trempe d’Alexis Martin n’aurait pas dû être amené à donner tant d’ampleur et d’extravagance à son personnage.

Par contre, encore une fois, Luc Picard – qui réalise assez efficacement le film - a trouvé un rôle qui lui va comme un gant : celui de Toussaint Brodeur, un homme rempli de bonnes intentions et de principes pour qui Babine représente une grande partie de sa vie. En fait, il le considère son fils. Picard se ballade avec une belle joie de vivre et déborde d’intensité, prêt à exploser à chacune des injustices à laquelle son protégé doit faire face. Ce dernier, campé par Vincent-Guillaume Otis, est suffisamment attachant pour qu’on le suive du début à la fin de sa vie. Or, si son regard fait généralement bien le travail, on ne peut en dire autant de son langage et de certains de ses gestes, un peu trop enfantins pour être convaincants. Joué de façon honnête, Babine aurait gagné à emprunter moins à l’enfance. Sa naïveté est nécessaire, bien sûr, mais son comportement aurait facilement pu éviter celui du premier degré.

Sympathique, originale et somme toute suffisamment divertissante, l’aventure Babine de Luc Picard et Fred Pellerin est en partie réussie. Certes, elle ne se fait pas sans quelques anicroches, mais elle permet au moins d’offrir aux cinéphiles québécois un genre – le fantastique - qui brille de son absence depuis déjà trop d’années. Et comptons sur le célèbre conteur de Saint-Élie-de-Caxton pour imaginer encore de nombreuses histoires dont le cinéma pourrait bénéficier.

Par Yan Lauzon

Vu en version originale française.

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