L'enlèvement Affiche de film

L'enlèvement

Taken

  • Date de sortie: vendredi 30 janvier 2009
  • Genre: Action, aventure

  • Réalisateur: Pierre Morel
  • Producteur: Luc Besson
  • Scénario: Luc Besson, Robert Mark Kamen
  • Studio: 20th Century Fox
  • Durée: 1h 33m
  • Site officiel: www.takenmovie.com
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Critique

Au cinéma, les agents secrets et les espions (qu’ils travaillent pour leur compte ou pour l’État) ont tous une belle gueule et sont campés par des super stars. Des personnages de la sorte nous évoquent toujours des noms tels que Matt Damon, Tom Cruise, Leonardo DiCaprio et, depuis quelques années, Daniel Craig. C’est un stéréotype, mais comme la recette fonctionne à merveille, on l’utilise à outrance. Eh bien le réalisateur Pierre Morel a décidé d’aller contre le courant des grandes vedettes du box-office en offrant à Liam Neeson le premier rôle de son dynamique long métrage d’action Taken/L’enlèvement mêlant crime organisé et suspense. Il faut absolument féliciter l’initiative. Car, outre le rythme soutenu et les cascades, ce contre-emploi est le point fort du film.

Vivant seul alors que sa fille de 17 ans habite encore avec maman et son nouvel amoureux, Bryan Mills est un ancien agent secret à la retraite et un père à l’apparence surprotectrice. Mais ce que les gens ignorent, c’est qu’il est très fort et extrêmement brillant. Quand sa fille est kidnappée à Paris, il demande aux ravisseurs de la lui rendre, sans quoi il les retrouvera et les tuera. Évidemment, les criminels refusent, ne lui laissant alors aucun autre choix que celui de partir à leur recherche et d’éliminer tous ceux qui se dressent sur sa route.

La présence de Liam Neeson, vedette de Taken/L’enlèvement, a de quoi réjouir à différents niveaux. D’abord, l’acteur est fort à l’aise dans la peau de cet homme à l’allure ordinaire, mais au sang-froid colossal et à la maîtrise de soi enviable. Le Britannique se donne corps et âme dans cette mission à tel point qu’il en est la plus belle réussite. D’ailleurs, il devrait servir d’exemple à tous ces acteurs qui héritent d’une mission au grand écran : allez-y la pédale au fond sans oublier la subtilité. Par contre, ça aide de bénéficier d’un personnage qui a appris à se battre convenablement, à prévoir de façon admirable les coups que ses adversaires vont porter et à réfléchir avant d’agir. À cet égard, les scénaristes Luc Besson et Robert Mark Kamen marquent des points.

Les quatre jours dont disposent le père pour retracer sa fille à Paris justifient toutes les actions à haut risque, ainsi que les nombreux et percutants rebondissements qui en découlent. À cet effet, si le début du film s’apparente davantage à un thriller, il ne faut que peu de temps avant que le genre ne cède toute la place à l’action. Batailles et confrontation au fusil (avec toujours ces acteurs de soutien malhabiles et consternants) n’épatent pas vraiment, outre le fait que Neeson semble avoir déjà vécu dans un univers de la sorte. Les folles ballades en voiture sont par contre dignes de mention. Le rythme est soutenu et les péripéties pleuvent.

Imaginatif, il arrive que le récit tombe aussi dans l’excès. Les sujets costauds sont envoyés à la pelle (prostitution, criminalité, trafic de femmes, immigration, forces de l’ordre corrompues), mais auraient gagné à être développés davantage. Or, difficile de mettre de la chair autour de l’os de thèmes aussi vastes que ceux-ci quand la durée totale du long métrage dépasse à peine les 90 minutes! Certains verront certes dans ces enfilades de cascades et ces péripéties un côté rocambolesque tout sauf voilé ; par contre, parce qu’on a resserré le tout au maximum, on ne tourne pas autour du pot. Chaque séquence va droit au but.

Comme tout film d’action se respectant, il y a une part de sensationnalisme à ne pas négliger. Et qui pourraient, évidemment, irriter certains cinéphiles. Quelques éléments ont beau rendent inconfortables (à 25 ans, bientôt 26, Maggie Grace – alias Shannon dans la série télé Lost/Perdus - ne devrait pas avoir à jouer une adolescente de 17 ans qui agit comme s’il elle en avait 12) et d’autres être inutiles (le fait que le personnage principal puisse revivre des moments charnières de l’intrigue), il ne faudrait pas bouder son plaisir d’apprécier Liam Neeson et son côté débrouillard. Ce serait dommage de laisser de côté une œuvre qui s’acquitte fort bien de sa tâche de divertir en s’assurant de garder notre attention avec une panoplie d’événements et d’individus liés entre eux. À choisir, Taken/L’enlèvement vaut mieux la peine d’être pris que d’être laissé.

Par Yan Lauzon

Vu en version originale anglaise.

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