Duplicité Affiche de film

Duplicité

Duplicity

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Critique

Le travail et les amours font-ils bon ménage? Le sexe et les affaires vont-ils de paire? Pas toujours. Mais pour Julia Roberts et Clive Owen, qui sont les deux principales têtes d’affiche du thriller criminel bourré d’humour Duplicity/Duplicité, le désir sexuel et l’argent peuvent très bien cohabiter. Même qu’ils sont nécessaires pour pleinement stimuler leurs vies. Réalisé par Tony Gilroy, le long métrage est une œuvre divertissante dans laquelle les deux stars sont plus qu’à l’aise. Mais avec un scénario imaginatif de la sorte, le résultat aurait pu être beaucoup plus impressionnant. On sait à qui la faute.

Le récit de Duplicity/Duplicité s’intéresse à l’agente de la CIA Claire Stenwick (Julia Roberts) et à celui de la MI6, Clive Owen (Ray Koval). Deux amants travaillant pour des employeurs en pleine guerre de tranchées, ils décideront de mettre leurs talents pour l’espionnage industriel en commun afin de réaliser un gros coup d’argent. Pour ce faire, ils n’auront qu’à mettre la main sur la précieuse formule d’un nouveau produit en développement et à jouer avec les deux dirigeants. Mais si le sexe et la férocité du monde des affaires venaient brouiller les cartes?

À la fin de l’année 2004, Julia Roberts et Clive Owen vivaient une relation difficile. Et ce n’était pas le temps de rigoler. Au cinéma, s’entend. Dans le drame romantique de Mike Nichols Closer/Intime. Un peu plus de quatre ans se sont écoulées, et les choses ont bien changé pour les deux vedettes américaines qui se retrouvent en couple, visiblement heureuses et avec les pulsions sexuelles dans le tapis. Il faut dire que l’appât du gain (40 millions de beaus dollars américains) stimule les bonnes relations… Un peu à l’image de Angelina Jolie et Brad Pitt dans la comédie d’action Mr. & Mrs. Smith/M. et Mme Smith, les deux stars sont stimulées par les défis et soucieux d’entraîner l’autre dans son jeu. De la séduction chargée à la dynamite! Et si leur jeu n’est pas en tous points parfait, Roberts et Owen offrent néanmoins des prestations très rafraîchissantes. Leur complicité évidente mène à des flammèches et à quelques scènes fort réussies. On en vient même à un moment à penser qu’un film basé uniquement sur leur relation non conventionnelle aurait fait l’affaire.

Mais au cœur de l’arnaque qui se dessine, il y a aussi deux hommes, chacun aux prises avec un désir maladif d’affaiblir le compétiteur. Tom Wilkson et Paul Giamatti s’en donnent à cœur joie dans ces rôles. D’ailleurs, leur première scène, très comique au tout début du film, vaut le détour. Pouvant compter sur l’appui de certains éléments intéressants, à la fois actuels et aux enjeux importants, le récit du film (aussi écrit par Gilroy) a tendance à drôlement pencher vers l’aspect abracadabrant. Eh oui, certains détails sont encore une fois dignes d’Hollywood. Et puis, si on apprécie le jeu de la chaîne musicale qui nous permet de voguer d’une compagnie à l’autre, on regrette qu’il y ait autant d’intervenants. La visibilité dont jouissent Roberts et Owen est suffisante (quoique on aurait pu en prendre plus), mais il est évident que Giamatti et Wilkinson n’ont pas été utilisés à leur juste valeur. Pourtant, leurs personnages avaient du potentiel.

Après avoir signé de nombreux scénarios de films, Tony Gilroy semble avoir attrapé la piqûre de la réalisation. En 2007, il a tourné son premier film, le drame Michael Clayton mettant en vedette George Clooney. Voilà qu’il répète l’expérience, moins de deux ans plus tard, avec Duplicity/Duplicité. Si la qualité de ses images n’est pas en cause, on se doit de reconnaître que sa réalisation est davantage digne d’une bande-annonce que d’un long métrage. Sa façon de diviser l’écran en y insérant plusieurs scènes (technique amusante une fois, mais pas à répétition), la multitude de ses plans d’immeubles vitrés (fallait-il en mettre lors de chacune des transitions?) et les autres, ordinaires et où la caméra est barrée, n’ont rien pour épater la galerie. D’ailleurs, ils minimisent même les retombées de l’amusante et coquine relation amoureuse entre les deux protagonistes. Seul bon coup de la part de Gilroy, les premières images, avec cette séquence au ralenti pendant laquelle les deux hommes d’affaires tentent de se faire la peau. C’est trop peu, par contre.

Non, Duplicity/Duplicité n’est pas parfait. Il lui manque une certaine rigueur au niveau de la réalisation et du scénario afin qu’on puisse le placer dans la catégories des films considérés plus que satisfaisants. Néanmoins, il réussit à divertir le temps de deux heures et nous pousse à croire avec véhémence que Julia Roberts devrait se laisser aller à des folies du genre plus souvent. Et pourquoi pas aussi Clive Owen.

Par Yan Lauzon

Vu en version originale anglaise.

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