Le film est 'librement inspiré de la vie de Marcel Talon', cambrioleur québécois d'une certaine envergure qui a tenté le plus gros coup de l'histoire du cambriolage au Québec. À peine sorti de prison, Talon reprend du service, à l'insu de sa blonde et de son agente de probation. Si vous pensez que cette intrigue sent le déjà vu, voyez cette liste:
Le héros dur au cœur tendre? Check.
Le menaçant bailleur de fonds qui impose son collaborateur? Check.
Le vieux routier qui cache un douloureux secret? Check.
La blonde qui ferme les yeux en espérant que son chum change? Check.
L'agente de probation encore plus dure à cuire que le bandit? Check.
J'avais souvent l'impression de regarder Partis en 60 secondes mêlé avec The Score (qui se déroulait à Montréal et suivait exactement la même trame) version Z. Le dernier tunnel a toute la subtilité d'un '2 par 4' en pleine face et se prend beaucoup trop au sérieux. On est dans le domaine de Bruckheimer et pourtant on joue comme s'il s'agissait de Shakespeare. Les acteurs imitent le Pacino des dernières années et mêlent intensité et hystérie. Certaines scènes en deviennent complètement ridicules, dont cette otage qui hurle à qui mieux mieux devant la banque.
Il faut cependant donner à Canuel un sens visuel vif et moderne, qui donne à son film une facture efficace lors de séquences d'action. Il a fait beaucoup avec peu de moyens. Mais les bonnes intentions des personnes impliquées croulent sous le poids des clichés et d'un film au rythme complètement déficient. Côté est correct, Lapointe fidèle à lui-même en 'vieux détestable' sympathique et pince-sans-rire. Pour les autres, l'interprétation sonne affreusement faux et on frôle plus souvent qu'autrement le cabotinage. Le frère de Canuel, Nicolas, est le principal coupable.
Érik Canuel nous a prouvé avec ses deux récents films (Nez rouge et Le dernier tunnel) qu'il était bon imitateur de ce qui se fait ailleurs. Il devra maintenant nous démontrer qu'il est capable de faire son propre cinéma. Aucun doute qu'il en est plus que capable.
par Nicolas Lacroix
vu en version originale française