L'aube des morts Affiche de film

L'aube des morts

Dawn of the Dead

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Critique

Les deux versions de Dawn of the Dead, celle de 1978 de George Romero et celle de 2004 de Zack Snyder, illustrent bien les différences entre le cinéma des années 70 et celui des 15 dernières années. L'original était innovateur, choquant même à l'époque, plein de messages et de critique sociale sous le couvert d'un putain de bon film d'horreur, un véritable classique. La version 2004 est gonflée aux stéroïdes, à commencer par ces zombies qui courent, à l'instar de ceux de 28 jours plus tard. Donc, en film moderne qu'il est, L'aube des morts (et non Le crépuscule des morts-vivants comme l'original de Romero) a de l'attitude à revendre mais pas une once de conscience morale ou de thème sous-jacent. La satire sociale a plutôt été remplacée par un humour mesquin tout à fait rafraîchissant. L'aube des morts ne fait dans la dentelle d'aucune façon. Bref, un film de zombie est ce que vous demandiez, un film de zombie est ce que vous avez, un tout à fait efficace!

Sanglant, violent, rapide et léché, cette nouvelle mouture plaira à pratiquement tous les amateurs d'horreur sauf ceux qui exigent un peu plus de substance derrière l'hémoglobine. Plus pur et explicite que Resident Evil et un peu moins glauque que 28 jours plus tard, L'aube des morts représente une espèce de mélange réussi des deux, saupoudré de l'influence de Romero. Parenthèse: il est triste de voir que pendant qu'on refait des films qui n'ont pas nécessairement besoin d'être refaits, Romero n'est pas capable d'obtenir d'un studio le budget nécessaire pour tourner un 4e volet à sa série des morts-vivants… Fin de la parenthèse.

Zack Snyder, un britannique versé dans la pub qui en est à sa première réalisation d'un long-métrage, injecte beaucoup de flair visuel à son film, particulièrement lors des génériques. D'ailleurs, ne manquez pas celui de la fin car vous manqueriez carrément la conclusion du film! C'est simple, sa cote monte d'une demie-étoile seulement grâce au générique de fin, vicieux et original!

Le scénario de James Gunn (Scooby-Doo 1 et 2, croyez-le ou non) s'inspire à peine du scénario de George Romero. Il conserve le lieu où se déroule la majorité du film mais c'est à peu près là que les similitudes se terminent, à part des apparitions éclair de vedettes du film original dont Tom Savini, Scott Reiniger et Ken Foree.

Gunn fait référence à plusieurs autres classiques de l'horreur dans son scénario. Une réplique de The Thing par-ci, une tronçonneuse là, avec un peu de Blair Witch pour la forme. Juste un clin d'œil, vous en faites pas. Donc après un prologue efficace et qui va droit au but, arrive le générique qui frappe en plein visage (et rappelle lui aussi 28 jours plus tard. Notre héroïne (jouée par la canadienne Sarah Polley) se joint à un groupe de survivants (composé entre autres de Ving Rhames et Jake Weber) qui décide de trouver refuge dans un centre commercial en attendant d'être secourus. Pendant ce temps, tout autour d'eux, c'est l'apocalypse, l'enfer sur Terre comme le mentionne la pub. Qui survivra et que feront-ils? Simple mais efficace comme prémisse, qui permet des séquences d'action, des scènes de terreur, des moments d'humour et même un ou deux moments quasi-touchants.

La formule du film de zombie est difficile à réinventer et Snyder et Gunn ne tentent pas de le faire. Ils se contentent d'achever la modernisation du mythe commencée par Resident Evil et 28 jours plus tard. Mais j'oserais dire qu'il s'agit de la seconde meilleure reprise d'un film d'horreur, après The Thing de Carpenter. Ce nouveau film ne fait pas oublier l'original mais peut se tenir sur ses deux pattes comme un très bon film d'horreur à part entière. Ce qu'il lui manque en profondeur, L'aube des morts le compense en pur plaisir pour les fans du genre. Connaisseurs de Fulci, Romero, O'Bannon, Jackson, on se parle entre amis: c'est un film à ne pas manquer. Pour les autres, eh bien! Un film sur le cannibalisme, voilà une façon 'différente' de célébrer l'approche de Pâques…

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise

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