Les tueurs des dames Affiche de film

Les tueurs des dames

The Ladykillers

  • Date de sortie: vendredi 26 mars 2004
  • Genre: Comédie

  • Réalisateur: Joel Coen, Ethan Coen
  • Producteur: Barry Sonnenfeld, Barry Josephson, Joel Coen, Ethan Coen, Tom Jacobsen
  • Site officiel: ladykillers.movies.go.com/
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Critique

L'humour des frères Ethan et Joel Coen n'est pas pour tout le monde. Ils ne sont pas des cinéastes versés naturellement vers le film de masse (ce qui est loin d'être un défaut) mais leurs derniers efforts Cruauté intolérable et Les tueurs de dames se sont assurés les services de vedettes (Clooney et Zeta Jones pour l'un, Tom Hanks pour l'autre). Pour attirer un plus large public, suppose-t-on. Mais leur humour demeure une affaire de goût: on aime les Coen ou on aime pas. Si Fargo, Big Lebowski et O Brother, Where Art Thou? sont de votre goût, les chances sont que vous apprécierez ce nouveau film.

L'intrigue n'a rien de très original: un escroc qui se croit brillant assemble une équipe pour effectuer un important vol. Ils établissent leur base d'opérations dans le sous-sol d'une maison de pension tenue par une vieille veuve, qui finit par découvrir le pot au rose. Les bandits doivent donc trouver le moyen de se débarrasser de la vieille dame.

Les Coen adaptent ici un de leurs films favoris, une comédie noire britannique de 1955 qui mettait en vedette Alec Guinness et Peter Sellers. S'ils ont gardé le titre et le squelette de l'intrigue, le reste est assez changé pour ne pas parler ici d'une reprise directe. Ils ont changé la période du film, le lieu et les personnages. On visite une fois de plus le Sud américain, que les Coen semblent particulièrement apprécier.

Il y avait longtemps qu'on n'avait vu Tom Hanks s'amuser autant. Sa folie consommée et l'indéniable présence de l'actrice Irma P. Hall dans le rôle de la vieille dame nous empêchent de détourner les yeux de l'écran une seule seconde et maintiennent, pratiquement à eux seuls, notre intérêt. Hanks fait de son personnage de Goldthwait Higginson Dorr (n'oublions pas le P.H.D.) un Colonel Sanders sur l'acide. Capable d'envolées délirantes sur Poe et d'un langage qui ferait postillonner le plus adepte des acteurs, Hanks vaut absolument le déplacement même si le film est fort inégal (à voir en version originale s.v.p. pour Hanks).

Le film est très près de O Brother Where Art Thou dans le ton, l'esthétisme et la musique. Les deux films sont fascinés par le sud des États-Unis, mais un sud mythique, réinventé à travers la folie des Coen. Visuellement, Les tueurs de dames est souvent magnifique, telle cette séquence d'ouverture sur la montagne d'immondices qui deviendra un 'running gag' et ces gargouilles de pierre qui observent et porteront jugement sur l'action.

Les lacunes du film se situent d'abord au niveau du rythme défaillant. Des longueurs surviennent inévitablement, surtout à cause du sentiment de déjà vu de l'intrigue, ensuite parce que les péripéties et personnages tombent dans la grosse farce caricaturale. Il y a également le caractère anachronique du film, agréable, violé par la vulgarité habituelle de Marlon Wayans. Son personnage et ses dialogues détonnent complètement du reste du film sans faire rire. D'ailleurs, les personnages secondaires en général sont déficients même s'ils arrivent parfois à faire rire.

Les tueurs de dames amusera les habitués des Coen mais se retrouvera pas au panthéon de leurs meilleurs films. Je maintiens que la comédie vaut le déplacement pour Hanks, rarement aussi déchaîné niveau comédie. Et pour la 'Big Momma' Irma P. Hall.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise

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