Fahrenheit 9/11 Affiche de film

Fahrenheit 9/11

Fahrenheit 9/11

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Critique

Je me considère comme un sérieux fan de Michael Moore. Je possède tous ses films ainsi que sa série télé The Awful Truth sur DVD. J'ai lu trois de ses livres dont Dude, where's my country, le point de départ de son nouveau film Fahrenheit 9/11. J'apprécie donc beaucoup le ton sarcastique et les hypothèses 'oliverstone-esques' de Moore sur ce qui se passe dans son pays et je fût même un des champions de Bowling for Columbine à sa sortie au Québec. Malgré ses tendances au spectacle et à la mise en scène au lieu du 'cinéma vérité', Moore pose des questions intrigantes et soulève assez de faits inquiétants pour forcer le respect et maintenir l'intérêt.

Son nouveau film se veut donc un examen de la présidence de George 'dubya' Bush, en particulier à la lumière des événements du 11 septembre et de la guerre en Irak. Partant des élections de 2000 et de la controverse en Floride, en passant pas les huit premiers mois de la présidence, puis la transformation de l'administration de Bush à partir du 12 septembre, le film trace un portrait peu flatteur et alarmiste (une spécialité de Moore) de la présidence actuelle. Le dernier tiers du film, de loin ce que Moore nous a donné de plus puissant sur plusieurs plans, se concentre sur la guerre en Irak et son impact sur les soldats et leurs familles.

Quoi qu'on puisse penser des politiques et décisions de Bush, le fait qu'il soit le moins articulé et le moins 'vite sur ses patins' des présidents de l'ère moderne n'aide en rien son image de fils à papa pas trop brillant. Et cela le rend donc une cible de choix pour un ironiste de la trempe de Moore. Le constat rendu par le film est assez accablant pour le président, ce qui est le but avoué de Fahrenheit 9/11. Plus que jamais, Moore se fait pamphlétaire et loin du documentariste. Moore concentre toute sa rage et sa haine envers Bush, qu'il a toujours considéré comme un voleur d'élection, et tire de tous les bords. Le cinéaste affiche clairement ses opinions, de façon encore plus évidente que dans ses films précédents, ce qui fera évidemment sursauter les conservateurs américains et les Elvis Gratton de ce monde, amoureux aveugles de l'image américaine.

La subtilité n'ayant jamais été une force de Moore en tant que cinéaste, il ne faut pas s'étonner que son film penche tant d'un côté de la balance. Le cinéaste utilise ici la même formule que pour Bowling for Columbine, soit un mélange d'humour sarcastique, de faits et statistiques choisis par Moore et de gravité. Si la formule vous a plu la première fois, elle vous plaira encore malgré le sentiment de déjà vu.

Au minimum, Fahrenheit 9/11, qui tire son titre du roman d'anticipation de Ray Bradbury (Fahrenheit 451, la température à laquelle brûle le papier), déclenchera ou alimentera le débat politique à l'aube des élections de novembre 2004. Il s'agit d'un portait certainement partisan mais toujours divertissant, souvent émouvant et portant un éclairage différent sur l'administration Bush.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise

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