Elvis Gratton XXX: La vengeance d'Elvis Wong Affiche de film

Elvis Gratton XXX: La vengeance d'Elvis Wong

Elvis Gratton XXX: La vengeance d'Elvis Wong

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Critique

Pas évident de critiquer l'œuvre d'un cinéaste 'engagé'. Il faut faire la part entre le message et le film et tenter, autant que possible, de faire abstraction des opinions politiques dans son constat. Un gars comme Falardeau rend la tâche encore plus difficile parce que ce n'est pas tant un film qu'il nous présente qu'un 'défi': je vous défie d'aimer mon film ou, si vous n'aimez pas, je vous défie de ne pas passer pour un 'crisse de snob'. Je coche donc immédiatement la case 'snob'.

Gratton, président de Télé-égout et grand ami de Johnny Chrétien, se fait offrir par celui-ci d'acheter Radio-Cadenas et un empire médiatique qui comprend le journal 'Ça presse'. Voici donc le gros Gratton, accompagné comme toujours de son chien de poche Méo, à la tête de cet empire et plongeant tête première dans la convergence, convergence qui comprendra ultimement Télé-égout.

Avec Falardeau et les falardistes (tient! Je viens d'inventer une expression moi aussi), on ne gagne jamais. Si on n'aime pas, on n'a rien compris: 'c'est de l'humour, de la caricature, c'est un message voyons!' Eh! Bien de l'humour c'est censé être drôle. De la caricature, ça grossit la réalité, et pour avoir un message il faut d'abord du contenu. Quand les grandes leçons se résument à 'Les riches c'est des pleins de marde, les pauvres des trous de cul, pis tout ce que les trous de cul veulent c'est être plein de marde' désolé mais ça ne convient pas à ma définition de 'film à message'.

Les généralisations et simplifications dans le discours de Falardeau (et Elvis Gratton, le christ de Falardeau qui souffre à sa place) sont tellement éculées qu'elles laissent bouche bée. Il n'y a pas d'analyse, il n'y a pas de piste de solution, il n'y a certainement pas de nuance ni de subtilité et, en bout de ligne, c'est d'un vide insignifiant. Des journalistes en laisse, de la merde qui sort de la télévision, une cravate prise dans un coffre d'auto… Allez à go, on se tord (de douleur ou de rire, c'est selon votre point de vue). Ce serait méchant si c'était le moindrement perspicace. Mais non c'est gros comme le bras et, au risque de me répéter, d'une simplicité accablante.

Le plus ironique c'est qu'avec des films de ce genre, Falardeau et Poulin contribuent au même abrutissement du peuple qu'ils veulent dénoncer. Il faut être hypocrite comme pas un pour prendre le peuple qu'on est censé défendre pour une bande de caves et les traiter comme tels. La modération a bien meilleur goût qu'ils disent. Encore faut-il en avoir un peu… de goût. La devise ici est plutôt l'exagération est un bien meilleur égout.

Évidemment, pas besoin de vous dire que c'est filmé comme les autres volets, soit avec à peu près la même qualité de production que votre pièce de théâtre d'école primaire moyenne. Un enchaînement de scènes sans grande logique, un film qui vogue au gré du prochain gag de cul ou de'marde'. Bon, quelques passages font preuve d'un peu d'imagination, comme le film dans le film que tourne 'Vim Vonders', interprété par le réalisateur lui-même, mais ce ne sont que des fractions de secondes au cours des deux longues heures de Gratton 3. Notons également l'oasis de bonne interprétation dans un désert de cabotinage que représente la performance de Jacques Allard dans le rôle de Dubuc, directeur de l'information de Radio-Cadenas.

Elvis Gratton 3: La vengeance d'Elvis Wong est à recommander uniquement aux inconditionnels de Gratton et à ceux que le simple fait d'entendre le mot 'tabarnac' fait crouler de rire. Et espérons que cette fois, pour vrai, Elvis has left the building, 'sti.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale très québécoise

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