La mort dans la peau

Critique

Jason Bourne, aussi connu sous le nom de David Webb, est une part importante de l'œuvre du romancier Robert Ludlum. Son assassin amnésique Bourne a été le héros de pas moins de quatre livres à ce jour, le dernier, The Bourne Legacy (écrit par Eric Van Lustbader puisque Ludlum n'est plus) ayant été publié récemment.

Ce second film tire donc son titre du deuxième livre de la série mais pas son intrigue. De fait, le film a tellement peu à voir avec le roman qu'on doit le considérer comme une entité à part. Avertissement aux fans donc: le film ne ressemble au livre en presque rien, si ce n'est le fait qu'un assassin inconnu 'emprunte' l'identité de Bourne pour un double meurtre. Pourchassé par son ex-employeur pour une affaire qu'il (croit-on) a fait foirer, Bourne se voit forcé de reprendre du service et de revenir à la civilisation pour confronter les coupables.

Un peu moins bien ficelé et un peu plus prévisible niveau intrigue que le film original, La mort dans la peau/The Bourne Supremacy poursuit néanmoins dans les forces de l'original: de l'action palpitante, traitée avec sérieux surtout et un héros sans compromis. Dans son rôle de Jason Bourne, Matt Damon n'essaie pas d'être charmant, de faire rire ou de jouer les héros. Il est une machine à tuer qu'il ne faut pas éveiller, un caméléon formidable capable de se sortir de n'importe quelle situation. Son but ultime dans ce film est de retrouver et se venger de ceux qui sont venus perturber son existence tranquille sans aucune raison.

Le plaisir du film tient à son accumulation de séquences qui nous font nous demander comment Bourne s'en sortira cette fois. Il est dommage que le casting (l'assignation de certains rôles à certains acteurs) nous dérobe du plaisir des quelques 'surprises' du scénario. Le réalisateur Paul Greengrass, qu'on ne connaît pratiquement pas en Amérique, tourne la majorité du film caméra à l'épaule, ce qui lui ajoute encore de la tension et une impression d'y être. Sérieusement, au moins 60% du film est tourné ainsi.

Le jeu des acteurs s'avère généralement sobre et discret. On notera cependant la participation bienvenue de Julia Stiles dans le rôle de Nicky, qu'elle occupait dans le film original. Elle disparaît malheureusement trop vite, rare note émotionnelle dans un film froid et méthodique comme son personnage principal.

La mort dans la peau/The Bourne Supremacy représente donc une solide suite, en continuité directe avec le film original. Si vous avez aimé le premier, vous aimerez le second, c'est aussi simple que cela.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise