Le village Affiche de film

Le village

The Village

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Critique

Un autre été, un autre film de M, Night Shyamalan. Et cette fois, le cinéaste divisera encore plus les cinéphiles qu'avec ses films précédents Le sixième sens, Unbreakable et Signes.

La première, la plus grosse erreur a été d'annoncer ce film comme un film d'épouvante, comme un thriller surnaturel aux sensations fortes. Si vous y accourez en vous attendant à cela, vous serez cruellement déçu. Parce que ce qui débute comme un film d'épouvante mystérieux se transforme rapidement en drame métaphorique et le peu de tension qui existait au préalable s'évapore totalement. Jusqu'à une double révélation digne des plus éculés épisodes de La quatrième dimension/The Twilight Zone, série culte des années 60.

Le film s'ouvre sur un enterrement. Sur la pierre tombale du garçon de 7 ans, la date de 1897 est inscrite. Nous sommes au beau milieu du village de Covington et un garçon de 7 ans vient de mourir. On ne sait pas pourquoi. Le village est encerclé par une forêt qu'aucun des habitants ne pénètre par peur de créatures surnommées Ceux dont on ne parle pas. Tant qu'on ne les dérange pas, ils nous laissent tranquille rappelle le chef du village aux plus jeunes. Mais justement, un jeune homme du village, Lucius, aimerait bien braver les bois environnant et se rendre 'dans les villes' pour y ramener des médicaments qui pourraient peut-être sauver des gens du village au lieu de les voir mourir comme le jeune garçon du début. Une série d'événement forcera effectivement un habitant du village à s'aventurer là où ils n'ont jamais mis les pieds et cette excursion dans les bois amènera des révélations qui changeront à jamais la vie des gens du village.

Difficile de résumer un film de M. Night Shyamalan parce qu'il recèle toujours des secrets et qu'une partie du plaisir réside, habituellement, en la découverte de ces secrets. Il faut donc être prudent dans ce qu'on écrit ou alors rédiger une critique qui ne se destinerait qu'aux gens qui ont déjà vu le film. Mais si les secrets des films de Shyamalan sont généralement source de plaisir, pas cette fois. Cette fois, les surprises du film sont faciles à deviner, plutôt ridicules et n'ajoutent pas grand-chose au message du film.

D'un côté, les défenseurs du cinéaste M. Night Shyamalan vont insister avec véhémence que le but ultime du film Le village n'est pas ses surprises mais les raisons de ces surprises. Mais la naïveté navrante du scénario de Shyamalan empêche le film de résonner dans les esprits une fois terminé. Le village peut être vu comme une métaphore dessinée à (très) gros traits sur l'Amérique post-9/11 (entre autre l'utilisation des couleurs pour déterminer le niveau de menace). Sauf que Shyamalan donne à l'ensemble un ton tellement prétentieux, maniéré qu'on décroche, dès le départ pour certains (comme votre humble critique). Lorsque Le village commence, on a l'impression d'arriver au milieu d'un film déjà commencé. Tout est forcé, des accents aux situations. On a l'impression de voir une parodie des anciens villages ou de communautés comme les Amish (ce qui présente une certaine logique vu les révélations subséquentes, il faut bien l'avouer). Mais tout sonne faux et, bien qu'encore une fois cela ait un certain sens vu le reste du film, il m'a personnellement empêché de m'impliquer dans le film, ce qui est primordial vu les écarts de logique qu'il tente de nous faire avaler. Encore une fois, je suis forcé d'être très vague et j'en suis conscient.

Par contre au niveau des images et de l'interprétation, c'est possiblement le film le plus accompli de la carrière de Shyamalan. La direction photo est renversante et le réalisateur tourne plusieurs séquences de façon brillante, mettant toutes en scène le personnage de Lucius, joué par Joaquim Pheonix. Ce dernier s'avère compétent dans un rôle qui ne lui demande que d'être stoïque. Les vraies étoiles du film sont plutôt Bryce Dallas Howard (fille de Ron), qui possède un charisme palpable dans le rôle de Ivy, la jeune femme aveugle. Adrien Brody s'amuse aussi dans le rôle de Noah, un homme présentant une déficience mentale. Sigourney Weaver et William Hurt sont plutôt effacés.

Il est difficile de vous expliquer à fond ce que je n'ai pas aimé du film, pour ne pas gâcher le plaisir de ceux qui aimeront (et il y en aura). Je résumerais simplement en vous disant que Le village fut une déception pour moi, qui est un fan des autres films de Shyamalan. C'est une fable simpliste et naïve, bien tournée et jouée mais affreusement mal vendue comme un suspense alors que ce n'en est pas un.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise

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