Le candidat manchou Affiche de film

Le candidat manchou

The Manchurian Candidate

  • Date de sortie: vendredi 30 juillet 2004
  • Genre: Thriller

  • Réalisateur: Jonathan Demme
  • Producteur: Scott Rudin, Tina Sinatra, Ilona Herzberg
  • Site officiel: www.manchuriancandidatemovie.com
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Critique

The Manchurian Candidate est le dernier des nombreux 'remakes' qu'Hollywood nous balance à un rythme excédent même celui de ses comédies insipides. L'original date de 1962 et mettait en vedette Frank Sinatra, Laurence Harvey, Angela Lansbury et Janet Leigh. Le film de John Frankenheimer se voulait un thriller concerné par la guerre froide et l'ennemi quasi invisible était la Chine communiste (d'où l'adjectif Manchurian, ou venant de Manchuria, une région de la Chine rouge). On le considère encore aujourd'hui comme le classique du thriller politique. C'était donc une proposition culottée pour Paramount de reprendre ce qu'on considère comme un monument du cinéma même si, avouons-le, le film a peu été vu par le grand public moderne. À la fois semblable et fort différent, The Manchurian Candidate version 2004 est une heureuse modernisation des préoccupations du premier film.

Le capitaine Ben Marco est obsédé. Obsédé par un incident qui eut lieu en Iraq pendant la guerre du Golfe et au cours duquel un des hommes sous ses ordres, le sergent Raymond Shaw, a pris les commandes et a sauvé Marco et ses hommes. Mais voilà, dans ses rêves, Marco voit les événements se dérouler de façon fort différente et extrêmement troublante. Et comme Shaw est sur le point de devenir vice-président des États-Unis, il est temps pour Marco de découvrir la vérité sur ce qui s'est passé il y a 13 ans, ce qui s'avèrera plus difficile qu'il ne le croit.

The Manchurian Candidate capte notre attention dès les premières images et ne nous libère qu'en fin de parcours. L'intrigue n'est pas trop complexe mais captivante, se nourrissant de la paranoïa si prévalente de nos jours et de la bonne dose de scepticisme dont nous faisons souvent preuve face à la politique. L'élément le plus brillant de la mise à jour du scénario de Daniel Pyne et Dean Georgaris est de remplacer les méchants communistes par une corporation internationale, des manipulateurs beaucoup plus crédibles de nos jours. D'ailleurs le film est très actuel dans ses références et clins d'œil, sans attaquer nécessairement directement les Républicains ou les démocrates. Il écorche un peu des deux, sans oublier la ligne toujours de moins en moins claire entre les intérêts politiques et les intérêts d'affaires.

Comme il s'agit d'un film d'idées, de dialogues et de tension venue des personnages et situations, l'interprétation s'avère primordiale. Et personne ne déçoit. Denzel Washington est une fois de plus remarquable dans un rôle moins flamboyant que ses derniers et Liev Shreiber (Scream 3, The Sum of All Fears) offre sa meilleure performance dans le rôle de Shaw, un homme ayant littéralement perdu une partie de son âme. Une séquence vers la fin où Marco confronte Shaw s'avère à la fois poignante, terrifiante et démontre un talent et une retenue de la part des deux acteurs qu'on ne peut qu'admirer. Moins retenue est Meryl Streep. Si elle est efficace dans le rôle de la mère de Shaw, elle y va cependant un peu fort dans le 'vilaine manipulatrice 101' et manque un peu de nuance. Mais le rôle est tellement bien écrit qu'elle remplit sans problème son rôle significatif dans l'intrigue. Les seconds rôles sont également à la hauteur, entre autres Jon Voight.

Avec ce nouveau film, Jonathan Demme nous donne un excellent thriller adulte, sérieux et fort efficace. C'est également une reprise beaucoup beaucoup mieux réussie que celle qu'il a tentée précédemment avec La vérité à propos de Charlie/The Truth About Charlie (reprise de Charade). Mon seul véritable problème est la fin, qui manque de courage comparé au reste du film. The Manchurian Candidate devait clairement se terminer autrement mais, typique des studios américains, on nous offre une porte de sortie un peu trop facile. Triste de voir que le cinéma avait plus de courage en 1962 que de nos jours. Mais cela diminue à peine le pouvoir du film, un thriller bien plus terrifiant que ce que monsieur Shyamalan nous a offert le même week-end.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise

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