Le cellulaire

Critique

Étrange que Le cellulaire soit lancé le 10 septembre. Voici un 'film d'été' typique qui aurait eu sa place en plein mois de juillet. Pour ceux qui ont vu la bande-annonce, celle-ci promettait un suspense palpitant basé sur un concept simple, à la Speed: femme kidnappée, téléphone brisé, arrive à signaler au hasard un numéro de cellulaire. Le jeune homme qui répond est forcé de l'aider. Idée simple, qui aurait pu donner un thriller efficace. Détrompez-vous.

L'idée de base vient de Larry Cohen, expert en concept économique qui a déjà pensé au similaire La cabine/Phone Booth, autrement plus solide et réussi. La cabine se tenait d'un bout à l'autre (sauf possiblement la séquence finale) et le scénario était superbement ficelé et gardait notre attention. En revanche, le scénario de Cellular affiche ses couleurs idiotes dès le départ et perd immédiatement notre intérêt, du moins notre propension à ressentir le suspense. Pourquoi s'impliquer à chercher comment les personnages vont s'en sortir quand n'importe quoi peut arriver (et arrive)?

Le film n'est pas aidé par la performance énervante et facile de Kim Basinger, l'appelante, qui égratigne notre sympathie à plusieurs reprises. Le répondant Chris Evans, dans son premier rôle majeur, s'en tire bien mais évidemment, son rôle ne lui en demande pas beaucoup non plus.

William H. Macy, incarnant un policier qui prend sa retraite tiré tout droit du film Falling Down, s'avère le vrai rayon de soleil du lot. Il semble fort conscient du type de film dans lequel il se retrouve et décide de s'amuser. Si vous allez voir le film, il vous sera nécessaire de prendre exactement la même décision. En effet, si vous allez voir Le cellulaire avec l'idée qu'il s'agit d'une comédie, il y a définitivement du plaisir à y avoir. Le film recèle plusieurs passages fort amusants (volontaires pour la plupart), en particulier les scènes mettant en vedette Macy. Pour sérieux, suspense et logique, faudra chercher ailleurs. Très, très loin ailleurs, dans une autre zone de couverture.

Réalisé par David R. Ellis (Final Destination 2), le film parait bien et propose à peu près toutes les séquences-types du genre. La lacune est vraiment le scénario imbécile de Chris Morgan qui ne contient pas 2 gouttes de réalisme et l'interprétation de Basinger, qui se croit dans une tragédie grecque alors que le reste de la distribution est consciente du ton blagueur absolument vital.

Pour faire une analogie facile, considérez Le cellulaire comme un appel de télémarketing et cette critique comme le service Afficheur qui vous en avertit. À partir de là, vous savez ce qui vous attend… allez-vous répondre?

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise