Red Nose

Critique

On la connaît l’histoire : gars rencontre fille, fille déteste gars, gars tombe évidemment amoureux de fille. Mais contrairement à la tradition québécoise, cette fois ça ne finira pas en suicide ou autre tragédie. Non car nous avons finalement notre sympathique comédie romantique à nous. Remplacez simplement Richard Curtis par Éric Canuel, Hugh Grant par Patrick Huard et Sandra Bullock/Andie Macdowell/Rachel Weiz par Michèle Barbara Pelletier et vous obtenez, en gros, Nez rouge.

Céline est auteur. Enfin, plutôt journaliste puisqu’il faut payer le loyer. Un concours de circonstance la force à faire équipe avec LE critique qu’elle déteste, Félix, lors de l’opération Nez rouge. Félix, qui ne se souvient même pas avoir sauvagement descendu l’oeuvre de la belle, tombe immédiatement amoureux. Mais Céline, elle, a plutôt idée de sauter sur l’occasion pour se venger de toutes sortes de façon.

À défaut d’un produit original, on nous offre ici une adaptation fort réussie d’un concept éprouvé. Canuel arrive à transformer juste assez les clichés pour que le film soit agréable et amusant, tout en respectant les règles de l’art de la comédie romantique, ou de la « romance comédique » comme il l’appelle.

Le film a deux grandes forces : le coup d’oeil énergique de Canuel, qui fait quelques trucs épatants visuellement, et l’humour et le charisme indéniable d’Huard. Nez rouge joue en plein dans les forces (et dans l’image publique) de l’acteur « slash » humoriste. Égocentrique et arrogant au départ, Félix/Patrick révèlera ses qualités et sa vulnérabilités peu à peu, arrivant finalement à charmer Céline et les spectateurs. Michèle Barbara Pelletier s’avère tout à fait correcte dans un rôle qui n’est pas très flamboyant et certainement pas aussi en évidence que celui d’Huard. Quant à lui, Pierre Lebeau s’amuse comme un fou à renverser l’image habituelle qu’on lui donne généralement dans les films.

Si votre « chum » résiste à voir le film parce que les romances ne l’intéressent pas tellement, soyez sans crainte, il s’amusera quand même. Les vignettes concernant les clients de Nez rouge sont souvent hilarantes et toujours sympathiques. Celle mettant en vedette Sylvain Marcel (des pubs de Famili-Prix) est un véritable morceau d’anthologie en même temps qu’un hommage à Olivier Guimond.

Bref, Nez rouge est ni plus ni moins qu’un exemple québécois de ce genre de produits qui nous arrive constamment des États-Unis et de la Grande-Bretagne et pourquoi pas? Le Québec a certainement droit à son cinéma de genre, que ce soit le thriller, le film d’horreur ou une bonne vieille comédie romantique. Oups, romance comédique je veux dire!

par Nicolas Lacroix
vu en version originale française