Le dernier samouraï Affiche de film

Le dernier samouraï

The Last Samurai

  • Date de sortie: vendredi 5 décembre 2003
  • Genre: Action, aventure

  • Réalisateur: Edward Zwick
  • Producteur: Tom Cruise, Paula Wagner, Edward Zwick, Tom Engelman, Marshall Herskovitz, Scott Kroopf
  • Site officiel: www.lastsamurai.com
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Critique

Pour le meilleur et pour le pire, la culture nord-américaine s’approprie de plus en plus la culture asiatique. Que ce soit dans les effets spéciaux et l’action au cinéma (trouvez un film d’action américain des 5 dernières années qui n’a pas été chorégraphié par un maître asiatique), ou même à la télévision (les asiatiques font dans la télé réalité depuis longtemps), des portions significatives de notre divertissement collectif sont fortement influencées par, pour ne pas dire copiées sur, ce que font les pays de l’est. Le dernier samouraï représente aussi un exemple de cette fascination avec le monde oriental.

Il est pratiquement impossible de ne pas penser à Il danse avec les loups en voyant Le dernier samouraï. Les deux films mettent en vedette des militaires désabusés qui redécouvriront leur passion pour la vie et leur code moral au contact d’une civilisation considérée comme « primitive » par l’occident. Les deux protagonistes couchent leurs états d’âme sur papier, partageant ainsi leur renaissance spirituelle avec l’audience. Et les protagonistes des deux films finissent par renier leur culture d’origine au profit de celle plus « pure » de leur nation d’adoption. Si dans Il danse avec les loups, le personnage de Costner mentionnait : « Je veux voir la frontière, avant qu’elle disparaisse », ici on assiste aux derniers soubresauts de l’époque des samouraïs japonais.

Nathan Algren est un combattant aigri, un homme brisé par les horreurs perpétrées par lui-même et ses compatriotes dans l’ouest. Ses souvenirs des massacres ne peuvent même pas être effacés par l’alcool qu’il consomme constamment. Engagé par les Japonais pour former leurs troupes à pourchasser les « rebelles », Algren voit pour lui une chance de faire un beau coup d’argent et ainsi s’assurer le moyen de noyer ses souvenirs encore plus agressivement. Commandant un régiment trop peu préparé, Algren tombe aux mains de l’ennemi, le chef des rebelles samouraïs qui reconnaît en Algren une âme soeur de noble combattant.

Le dernier samouraï n’est pas un film d’action même s’il comporte d’excellentes séquences de combats. C’est un drame humain qui travaille sur plusieurs plans et concerné par les petits et grands thèmes. Noblesse, amitié, honneur, tradition et valeurs sont à l’avant-plan du scénario, co-écrit par le réalisateur Edward Zwick (Glory), John Logan (Gladiateur) et Marshall Herskovitz. Les images sont tout simplement magnifiques. Le directeur photo, John Toll, est un vétéran de films comme Braveheart et Légendes d’automne (une autre réalisation de Zwick) et les images sont encore plus somptueuses dans Le dernier samouraï. Il met vraiment en valeur l’architecture japonaise de l’époque et les costumes fabuleux des guerriers. On doit aux images de Toll une grande partie de notre attention pendant les deux heures trente du film.

Tom Cruise joue ici l’archétype « cruisien », un héros présentant juste assez de failles pour paraître humain, au charisme difficile à résister, vulnérable mais invincible à la fois. Seulement, il ne s’efface jamais complètement derrière le personnage et on a toujours l’impression de voir « Cruise dans la peau de... » au lieu d’un personnage en chair et en os. Mais c’est plus dû à la stature de Cruise qu’à son talent, qu’on ne peut renier.

La révélation de Le dernier samouraï est plutôt le magnifique Ken Watanabe, acteur de télé et cinéma au Japon qui en est à son premier film américain. Il égale et surpasse pratiquement le charisme de Cruise et nous fait croire, en quelques secondes, à la noblesse, sagesse et grandeur d’âme du « rebelle » Katsumoto.

Un point négatif du film, outre le sentiment de déjà-vu, est qu’en même temps que le film se veut libéral, dénonçant clairement l’implication militaire américaine dans des conflits qui ne les regardent pas (notamment le Vietnam), il ne peut résister à une séquence finale où c’est l’américain qui vient sauver la culture japonaise d’elle-même. Le dernier samouraï aurait dû finir sur le champs de bataille et oublier les dix dernières minutes, qui effacent la beauté tragique des séquences précédentes pour les remplacer avec une finale à la moralité douteuse et un air de supériorité à la limite du supportable.

Si tous les éléments du film sentent le réchauffé (avec raison), l’ensemble garde notre intérêt par ses images, le flair indéniable de la mise en scène des combats, la musique de Hans Zimmer qui remplace souvent les dialogues et le talent brut de Cruise et de Ken Watanabe. Un plaisir pour les yeux et les oreilles à voir sur grand écran qui remue malgré les clichés.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise
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