C’est la veille du jour de l’an et on fermera le poste de police 13, un des plus vieux de la région de Détroit, dans quelques heures. Le poste est trop ancien, trop éloigné des centres urbains pour qu’on le garde actif. Les policiers ont déjà été réaffectés, les équipements débranchés et il ne reste qu’une poignée d’employés (deux flics et une secrétaire) sur place. Puis le mauvais temps qui sévit force les autorités à détourner un autobus de transport de prisonnier temporairement vers le poste 13. Les quatre prisonniers, incluant un criminel d’envergure nommé Bishop, sont mis au cachot et les deux gardiens de prisons se joignent à la fête des employés du poste 13, jusqu’à ce que des assassins se pointent et prennent d’assaut l’immeuble.
Disons dès le départ que voici un film d’action coté « adulte » et, juste sur ce point, c’est déjà rafraîchissant. C’est un peu le même constat qu’avec le film de Carpenter : il avait du mordant et n’avait pas peur de sacrifier des personnages qu’on aurait pu croire intouchables dans un film d’action traditionnel. Même si en bout de ligne Assault on Precinct 13 version 2005 est assez conventionnel, ce mordant lui ajoute une touche d’imprévisibilité bienvenue.
La séquence d’ouverture du film démontre un flair, une énergie et une audace de la part du réalisateur Jean-François Richet et de sa vedette Ethan Hawke que le reste du film n’égale pas. Cette séquence rappelle d’ailleurs la toute aussi marquante séquence d’ouverture de Narc de Joe Carnahan. C’est dommage qu’elle soit aussi efficace parce qu’elle créé chez le spectateurs des attentes qui ne sont pas comblées par la suite.
Le film de Carpenter s’apparentait plus au film d’épouvante qu’au film d’action, puisque l’ennemi presque sans visage évoquait directement les zombies assiégeant les protagonistes des films de George Romero. Cet aspect d’une violence gratuite, sans visage et sans raison disparaît de la nouvelle version, l’ennemi étant beaucoup plus conventionnel et, à la rigueur, rationnel. Ce caractère plus terre à terre, combiné aux limites du concept d’un « film de siège » forcent le piétinement et la répétition à quelques reprises, ce qui finit par miner notre intérêt.
Esthétiquement, la nouvelle version est très semblable à celle de Carpenter. Décors minimalistes, tons de gris et de brun, la seule couleur venant du sang qui gicle à de nombreuses reprises. Richet démontre une bonne maîtrise derrière la caméra et semble un cinéaste dynamique.
Côté interprétation, Ethan Hawke, Laurence Fishburne, Maria Bello et Drea De Matteo font leur possible avec des archétypes assez limités. John Leguizamo énerve plus qu’il n’amuse. Gabriel Byrne semble sévèrement ennuyé par son rôle de méchant (on le comprend) et Brian Dennehy, qu’on n’a pas vu depuis longtemps sur les grands écrans, fait lui aussi son possible avec les clichés qu’on lui donne à jouer.
Assault on Precinct 13 version 2005 ressemble donc beaucoup à son prédécesseur. Ce sont deux films de série B au concept économique, à l’exécution plutôt efficace mais pas renversante et tournés par des réalisateurs au style indéniable. Sympa, sans plus.
par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise