L'assassinat de Richard Nixon

Critique

Sean Penn, l’expert en films sombres et en personnages torturés, nous revient dans un rôle inspiré d’une histoire vraie, qui avait elle-même inspiré le scénariste Paul Schrader pour l’écriture de Taxi Driver en 1975.

Nous sommes en 1974 et Sam Bicke tente de refaire sa vie, qui se désagrège devant ses yeux. Sa femme l’a quitté avec les enfants, il a un nouveau boulot de vendeur qui le force à mentir, comme le boulot qu’il venait de quitter, et il se voit forcé par les circonstances de compromettre tout ce en quoi il croit. Son désespoir et sa colère grandissante finissent par se fixer sur une cible, que Bicke croit responsable de tous les maux : le président Richard Nixon. Il lui prend donc l’idée de s’emparer d’un avion de ligne et de le faire s’écraser sur la Maison-Blanche.

Le personnage de Sam Bicke est un perdant, tout ce qu’il y a de plus ordinaire, un perdant comme des milliers d’hommes avant et après lui, un perdant un peu trop sensible, un peu trop meurtri, un peu trop bon. The Assassination of Richard Nixon est l’inéluctable descente aux enfers totale d’un homme qui pourrait être n’importe lequel de vos confrères de travail ou passagers de métro. Penn infuse le personnage de son intensité habituelle et génère une sympathie certaine pour les tourments de Bicke. Le problème du film n’est pas là.

Le problème principal de The Assassination of Richard Nixon est que de la première à la dernière minute, nous savons exactement ce qui va se passer, comment cela va se terminer et il ne nous reste plus que le désagréable spectacle de ce pauvre type et de sa déchéance implacable. Nous savons en partant que Richard Nixon n’a pas été assassiné. Un peu de recherche et de lecture révèle également le sort de Sam Byck (l’épellation correcte du nom du vrai homme). Le film s’apparente donc à voir au ralenti les images précédent un terrible accident de la route. C’est tragique, triste à mort, mais voulez-vous vraiment voir ça? Malgré la performance solide d’un acteur de grand talent?

Curieusement, Taxi Driver le film légèrement basé sur l’histoire vraie résonne plus, et s’avère plus complet, que le film qui colle de plus près à la réalité. On ressent certainement plus de pitié pour le personnage de Sam Bicke que pour celui de Travis Bickle, parce que Penn nous parait plus vulnérable, plus victime que De Niro. Pour le reste cependant, Taxi Driver l’emporte haut la main sur le film de Neils Mueller.

La réalisation de ce dernier, qui en est à son premier film, ne présente pas beaucoup de failles si ce n’est le choix du sujet. L’Amérique de 1974 y est fort bien reconstruite (à part un court aperçu d’un livre de la série « Pour les nuls » dans un bibliothèque) et les performances bien dirigées. Non vraiment, la faute tient dans le sujet du film, dans sa structure prévisible. À conseillez surtout aux fans de Sean Penn qui ont bon moral.

par Nicolas Lacroix
vu en version française