Les gardiens Affiche de film

Les gardiens

Watchmen

  • Date de sortie: vendredi 6 mars 2009
  • Genre: Action, aventure

  • Réalisateur: Zack Snyder
  • Producteur: Lloyd Levin, Lawrence Gordon, Deborah Snyder
  • Scénario: David Hayter, Alex Tse
  • Studio: Warner Bros. Pictures
  • Durée: 2h 42m
  • Site officiel: watchmenmovie.warnerbros.com/
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Critique

S’il y a un milieu où la compétition est féroce à Hollywood, c’est dans le monde des superhéros. Peu importe la période de l’année, ces être dotés d’extraordinaires pouvoirs et ayant soif de justice suscitent toujours un vif intérêt chez les cinéphiles. Ayant conquis de nombreux fans grâce à des bandes dessinées ou - comme dans le cas ici - via des romans graphiques, ils tentent de s’allier à la fois le public et la critique en faisant le saut au grand écran. Si Iron Man, Batman et le Joker ont réussi leur pari l’an dernier, on ne peut en dire autant des joyeux lurons du film Watchmen/Les gardiens, des anciens justiciers reprenant du service avec de la poussière sur leurs habits.

La retraite paisible de superhéros du passé est perturbée par la mort du Comedian, assassiné dans sa résidence. Ses acolytes, qui ont jadis formé avec lui un groupe efficace afin de maintenir l’ordre, décideront de reprendre du service alors qu’une attaque nucléaire imminente menace la destruction d’une bonne partie de la planète. Pendant que les États-Unis et la Russie se livrent une guerre psychologique, Rorscharch, Silk Spectre et Nite Owl II tenteront de trouver qui a tué leur ami, et pourquoi. De son côté, le Dr. Manhattan, un scientifique victime d’une expérience ayant mal tourné mais à la puissance incroyable, cherche une façon de sauver les humains de l’extinction.

Paradoxal. Voilà peut-être le mot qui décrit le mieux le nouveau long métrage de Zack Snyder, réalisateur qui a laissé sa marque avec ses deux premiers films, Dawn of the Dead/L’armée des morts et 300. Pendant qu’il met en images des superhéros différents de leurs prédécesseurs sous de nombreux aspects (ils ne se prennent pas vraiment au sérieux, ils n’ont aucun pouvoir autre que celui de savoir se battre, ils sont désillusionnés de la vie), on a l’impression de revoir certains personnages – tels que Elektra, Batman, Tony Stark et même parfois Robin! – tant le faciès, les costumes et les gestes de plusieurs d’entre eux sont d’une ressemblance troublante. Et cette impression ne nous quitte jamais, s’incrustant malheureusement de plus en plus au fur et à mesure que l’intrigue progresse. Comme il aurait été important pour le cinéaste de s’attarder davantage à son casting... Car aucun des acteurs (Patrick Wilson, Jackie Earle Harley, Malin Akerman, Matthew Goode, Jeffrey Dean Morgan et Billy Crudup) n’a véritablement le panache pour prendre des allures de superhéros. Et ce n’est pas Dr. Manhattan, en animation virtuelle et nu comme un ver, qui donne du charme à l’ensemble.

Le scénario rassemble suffisamment d’éléments pour combler la longue durée du film, soit plus de 160 minutes. On parle ici d’une enquête à haut risque sur un meurt, d’une menace nucléaire qui ne s’évapore pas, et de superhéros qui ont une confiance en soi et en leur monde à regagner. Somme toute un beau mélange, mais qui navigue un peu trop souvent entre ces trois eaux, ne s’en appropriant pas vraiment une. Si le récit se distingue dans l’alternance des sujets et dans la façon qu’ont de réagir les personnages, il n’en reste pas moins que les thèmes habituels refont trop souvent surface. On a privilégié la quête de vérité, le désir de justice et l’ambition de sauver la planète au détriment des problèmes d’adaptation des héros, sans aucun doute le point le plus intriguant de l’aventure. Cherchant constamment à donner une grande importance à l’humour – réussissant à quelques reprises -, le scénario se prend toutefois un peu trop au sérieux.

Bien sûr, la réalisation de Watchmen/Les gardiens était entre bonnes mains. Surtout pour en mettre plein la vue. Une direction artistique léchée supervisée par Zack Snyder donne lieu à des images parfois saisissantes, généralement de très bonne qualité. Connaissant les rudiments de toute bataille qui se respecte, maniant aisément les éléments d’action et de science-fiction, le cinéaste a accompli un travail honnête. Mais c’est surtout lorsqu’il est question de faire couler le sang qu’il s’en donne à cœur joie. Il ne lésine pas sur le traitement choc lorsque des personnages doivent dire au revoir à certains de leurs précieux membres. Sachant manier la caméra avec soin, il s’est aussi visiblement fait plaisir en offrant une scène de sexe torride entre le timide Nite Owl II (Wilson) et la combative Silk Spectre (Malkin Akerman). Bref, quelques moments pour public averti qui donnent du piquant.

Conjuguant beaucoup (trop?) d’éléments différents, Watchmen/Les gardiens est donc d’abord et avant tout une bien étrange bibitte sur la planète cinéma déjà peuplée de très nombreux superhéros. Si certaines initiatives conviennent adéquatement à une production du genre, on est en droit de regretter le fait que certains thèmes aient été traités avec autant de sérieux. L’humour noir, l’ironie et le sarcasme auraient dû servir à bâtir la ligne directrice de l’aventure. Nous faire croire que l’aspect comique pourrait aisément cohabiter avec le drame et l’action s’est avéré une erreur.

Par Yan Lauzon

Vu en version originale anglaise.

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