L'homme en feu Affiche de film

L'homme en feu

Man on Fire

  • Date de sortie: vendredi 23 avril 2004
  • Genre: Thriller

  • Réalisateur: Tony Scott
  • Producteur: Lucas Foster, Arnon Milchan, Tony Scott
  • Site officiel: www.manonfiremovie.com
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Critique

Le mois d’avril 2004 pourrait bien être reconnu comme le mois des films de vengeance. Kill Bill vol.2, Justice sauvage/Walking Tall, The Punisher et maintenant Man on Fire. Au contraire des deux derniers de cette liste, Man on Fire est efficace et généralement réussi.

Un peu d’historique et de contexte : AJ Quinnell est l’auteur du roman Man on Fire, situé en Italie et basé sur un fait divers. Mais AJ Quinnell est le pseudonyme d’un homme qu’on suspect être un ex-militaire, un homme qui a des choses à cacher dans son passé, comme son protagoniste John Creasy. Tout à fait le genre de personnages que Denzel Washington aime incarner d’ailleurs. En 1987, le roman devient un film d’Elie Chouraqui, co-production française et italienne mettant en vedette Scott Glenn et Joe Pesci. Pas très bon film d’ailleurs mais possédant un certain style. 17 ans plus tard voici une nouvelle version de l’histoire de base.

John Creasy est un homme fini. Ex-soldat américain, ses actions passées l’empêchent de se pardonner et il passe son temps à boire pour faire fuir ses démons personnels et à accepter un boulot occasionnel pour financer son vice. Son seul ami au monde, Rayburn (Christopher Walken), lui décroche un emploi comme garde du corps de la fillette d’un multimillionnaire mexicain (le chanteur Marc Anthony). Au contact de la fillette, Creasy redevient un peu humain mais lorsque celle-ci est enlevée, toute la noirceur qui est en Creasy trouve un exutoire.

Voici deux films pour le prix d’un. La première heure du film est passée avec Creasy et Pita, la petite fille jouée par dakota Fanning, dont la précocité n’agace pas cette fois. Washington ne se sauve pas des travers de Creasy, au contraire il les exploite de façon habile pour donner de la profondeur et une dimension tragique à son personnage. De fait, c’est une des forces du film, pratiquement tous les personnages principaux vont au-delà de la simple caricature, à part les policiers mexicains. Les acteurs offrent donc des performances plus nuancées qu’on pourrait s’y attendre dans ce type de film, qui peut facilement dégénérer.

Tony Scott va au contraire des tendances en réalisation : alors que les réalisateurs de vidéoclips tournent les clips comme s’ils faisaient du cinéma, Scott tourne ses films comme s’il faisait des clips. C’est une tendance de montage effréné, schizophrène, qu’il a adoptée à peu près à la période Enemy of the State et qu’il applique à chacun de ses films subséquents. Admettons que l’effet cumulatif est un peu plus raffiné ici, notamment son utilisation du texte, mais le drame se suffisait à lui-même et n’avait pas besoin de ces artifices pour être efficace.

Le scénario est de Brian Helgeland, un habitué du drame de vengeance après Payback et Mystic River. Man on Fire se situe, stylistiquement, quelque part à mi-chemin. Il n’a pas la profondeur mais parfois la gravité de Mystic River et il n'a pas le côté léger et humoristique occasionnel de Payback. Si le scénario demeure intègre pendant presque tout le film, il finit néanmoins par céder aux conventions décevantes du cinéma américain et affaiblit la puissance que la finale pourrait avoir eue. L’effet général du film en est diminué mais Man on Fire demeure un drame solide, sombre, efficace et porté par une qualité de performances qu’on voit trop rarement dans ce genre de film.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise

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