Super Size Me: malbouffe à l'américaine Affiche de film

Super Size Me: malbouffe à l'américaine

Super Size Me

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Critique

Un soir de l'Action de Grâce en 2002, Morgan Spurlock aperçoit à la télé un porte-parole de McDonald's qui nie être à l'origine des problèmes d'obésité de deux Américaines qui poursuivent la chaîne. Spurlock a alors l'idée saugrenue d'une expérience: manger matin, midi et soir, pendant 30 jours, rien d'autre que du McDonald's et documenter l'évolution de son état dans un film, intitulé Super Size Me, critique virulente de la malbouffe et de ses ravages en Amérique.

Le New-yorkais de 6 pieds 2 s'impose certaines règles: il ne commandera les formats géants (le fameux super size) que si les caissiers lui offrent. Il devra manger au moins une fois chaque item du menu. Il ne marche pas plus de 1,5 km par jour, égal à la moyenne nationale. Trois médecins et une spécialiste en forme physique suivent son évolution pendant ce mois complètement fou.

Sous ses apparences loufoques (Spurlock copie fidèlement le style de Michael Moore), Super Size Me effleure tout de même un phénomène grave: en Amérique, l'obésité fait concurrence au tabagisme comme cause principale de décès qu'on pourrait prévenir. 4 adolescents américains sur 10 sont obèses et dans quelques années, un dollar sur cinq dépensé en santé sera dû à l'obésité. Spurlock débute son film avec une série de questions et de chiffres qui marquent fort. Si l'expérience qu'il s'impose fini par paraître un peu… ridicule, cela n'enlève rien à son intention, qui est de réveiller les gens pour qu'ils portent attention à ce qu'ils bouffent.

Je pourrais vous donner des chiffres du film de M.Spurlock, ou vous raconter un peu les effets que son expérience a sur son corps et son moral, mais pourquoi vous gâcher le plaisir du film? Certains de ses résultats sont évidents, d'autres surprennent même les médecins qui le suivent. Quant à Spurlock lui-même, il est juste assez frondeur pour paraître sympathique et sait bien s'entourer. Entre les moments plus légers, il prend tout de même le soin de s'entretenir avec quelques experts dont un ex « Surgeon general », c’est-à-dire le premier conseiller américain en matière de santé publique.

Divertissant et horrifiant en proportions justes, Super Size Me a peu de profondeur dans le fond: on n'examine pratiquement qu'un seul angle, le plus évident et facile, d'une question beaucoup plus complexe. Néanmoins, le film fait réfléchir et le cinéphile intelligent pourra faire les liens et ajouter lui-même les réflexions qui manquent à la démarche de Spurlock. La malbouffe fait grossir et est mauvaise pour la santé? Élémentaire, mon cher Spurlock. Mais au-delà de cette évidence, fiez-vous à un amateur de fast food: Super Size Me fait peur et force à reconsidérer ses habitudes alimentaires en plus de faire rire.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise

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