Metallica: Some Kind of Monster
Metallica: Some Kind of Monster est très intime, à la limite de l'inconfort parfois. Jamais document rock ne nous aura laissé entrer de façon aussi crue dans le quotidien réel d'un groupe rock de la stature de Metallica. Le spectateur a l'impression d'être témoin privilégié de choses qu'on ne devrait pas voir, comme ces sessions de thérapies où les membres du groupes réapprennent à communiquer ensemble. D'un côté, la vue de ces icônes d'un rock pur, dur et macho qui tentent maladroitement d'exprimer ce qu'ils ressentent fait presque rire par son caractère incongru. D'un autre côté, il humanise les musiciens, Hetfield en particulier, puisqu'il est celui qui s'expose le plus ouvertement.
En même temps, on se demande à quel point la présence des caméras a influencé les rapports des intervenants, que ce soit de façon positive ou négative. Par exemple, on ressent une certaine retenue émotive lors d'une confrontation entre Ulrich et Dave Mustaine, membre de Metallica de la première heure mis à la porte au moment même où le groupe devenait populaire au début des années 80. On peut aussi se questionner sur les motifs du groupe d'avoir dévoilé ces conflits et expériences au grand jour.
Les fans de Metallica apprécieront un peu plus le film que ceux qui ne les connaissent ou aiment pas, mais il est absolument à la portée de tous. Comme le dit lui-même Ulrich, ce n'est pas tant un film sur Metallica qu'un film sur les relations. On pourrait ajouter un film sur le processus de création, particulièrement la tension qui peut tout autant engendrer cette création que mener à la perte d'un groupe. On quitte le film avec une perception un peu plus favorable de Metallica, une meilleure idée des hommes derrières les images de rockers et un certain malin plaisir à se dire que même (ou plutôt particulièrement?) des musiciens millionnaires peuvent agir comme des enfants gâtés à l'ego monstrueux.
par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise sous-titrée en français.