Voyage au pays imaginaire Affiche de film

Voyage au pays imaginaire

Finding Neverland

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Critique

Je l’ai déjà écrit, il faut toujours se méfier des films qui mentionnent être « inspirés de faits vécus ». En vérité, ce que cette phrase veut dire est que le scénario use de certains faits véridiques et/ou personnages existants pour bâtir sa fiction. C’est certainement le cas de Voyage au pays imaginaire/Finding Neverland, qui présente une version de ce que fut l’inspiration de l’auteur J.M Barrie pour créer Peter Pan. C’est un film inspiré d’une pièce de théâtre, et non une chronique relatant exactement ce qui s’est passé. Ceci dit, Voyage au pays imaginaire/Finding Neverland est un film rempli d’émotions qui plaira à un large public.

En 1904, l’écrivain J.M. Barrie se retrouve en manque d’inspiration pour créer une nouvelle pièce, sa dernière ayant rapidement été retirée de la scène par manque de succès. Sa rencontre avec Sylvia Llewellyn Davies et ses quatre fils l’inspirera à écrire Peter Pan.

Voyage au pays imaginaire/Finding Neverland aurait dû être réalisé par Tim Burton. Depp et lui sont de bons copains et fréquents collaborateurs et le thème principal de Neverland est pratiquement identique à celui de Big Fish : une part de magie est absolument nécessaire à la vie. Il va sans dire que plus la réalité est dure, plus la magie devient essentielle pour survivre. On aurait possiblement ressenti beaucoup plus de cette magie avec Burton à la barre mais c’est plutôt Marc Forster (Monster’s Ball) qui se retrouve derrière la caméra.

La réalisation de Forster reste trop dans le dépouillé, excepté à une ou deux occasions. On se serait attendu, par exemple, à des transitions spectaculaires entre le monde réel et le « Neverland » de Barrie mais elles se font rares. Si son côté visuel manque, ironiquement, d’imagination, là où Forster marque des points est dans sa direction d’acteurs, spécialement concernant les quatre garçons qui incarnent les enfants Davis. Ils sont charmants et Freddie Highmore en particulier, dans le rôle de Peter, rend bien l’enfant forcé de grandir par la mort de son père. Heureux de savoir que Highmore retrouvera Depp dans Charlie & The Chocolate Factory, justement réalisé par Burton.

Le J. M. Barrie de Depp donne l’impression d’un être asexué et à l’image de Peter Pan, un homme qui n’a jamais voulut vraiment devenir adulte. D’indéniables similarités relient d’ailleurs l’interprétation de Barrie que fait Depp et son excentrique Sam de Benny & Joon. Deux êtres ayant souffert et préférant s’évader dans leur imaginaire, deux rôles pleins de naïveté enfantine et faits sur mesure pour Depp. En ce sens, sa performance n’est pas extraordinaire mais bonne puisqu’elle joue dans ses forces.

Depp est bien entouré non seulement par les enfants mais par Kate Winslet, impeccable comme toujours malgré un rôle stéréotypé, et par Dustin Hoffman, fort drôle à chacune de ses apparitions comme bailleur de fonds de Barrie. Radha Mitchell offre quant a elle le genre de performance froide et distante qu’elle a offerte dans Man on Fire.

Juxtaposés aux événements qui se déroulent dans sa vie, les messages de Peter Pan atteignent une résonance émotive indéniable et bien dur est le coeur qui ne se laissera pas attendrir par le dévastateur dernier quart d’heure de Voyage au pays imaginaire/Finding Neverland. Malgré ses aspects un peu clichés, le film conserve une réserve et un bon goût qu’on voit trop rarement dans ce type de film. Souvent charmant, drôle et émouvant, Voyage au pays imaginaire enchante quand il le faut.

par Nicolas Lacroix
vu en version française

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