Ouf! Enfin, juste au moment où l’on aurait pu croire qu’on n’avait plus le droit de rire de quoi que ce soit au Québec, surtout de nous, arrive Idole instantanée, qui prend justement un malin plaisir à rire de la culture pop. Thérapeutique, c’est le moins qu’on puisse dire. On reste tout de même assez « PC » (politically correct) dans la caricature mais quand même, l’effort est là, même si le réalisateur Yves Desgagnés se défend en entrevue D’avoir voulu parodier.
Il faut dire que les cibles étaient de choix et mûres pour se faire tabasser un peu. Il y a d’abord la convergence « québécoresque » qui en prend pour son rhume. Il y a ensuite cette partie du public qui suit aveuglément un star system assez ridicule merci. Et Dieu sait qu’on l’a fort le culte de la vedette ici.
Desgagnés ne donne aucun signe que c’est une première réalisation. Il y va d’un œil sûr et se permet même quelques envolées audacieuses. Il sera intéressant de surveiller ses prochains films. Évidemment, une grande part du succès de Idole instantanée revient à Émile Gaudreault, qui a eu l’idée de base et co-écrit le scénario (avec Benoît Pelletier, Martin Forget et Daniel Thibault). Le scénario lui-même est drôle et remplis de moments savoureux.
De fait, on pourrait dire que le film n’avait pas besoin de la « gimmick » d’utiliser Mercier pour tous les rôles principaux. C’est possiblement plaisant pour l’humoriste mais ça n’apporte absolument rien au film, au contraire. La présence de Mercier (qui n'est pas mauvaise du tout, comprenons-nous) à chaque instant agace un peu, alors que le matériel était là pour une parodie plus sauvage et plus poussée. Le seul autre point négatif est que le film de Desgagnés tombe un peu dans ce qu’il veut dénoncer vers la fin, la sentimentalité préfabriquée pour la masse.
Ce ne sont que deux plaintes mineures, métier oblige, pour un film qui divertit du début à la fin et fait beaucoup beaucoup rire, surtout ceux et celles qui regardent déjà de l’extérieur le phénomène Star Académie sans trop en comprendre l’attrait. L’idée de parodier un peu le phénomène a dû plaire dans l’industrie aussi, vu la foule d’acteurs, actrices et individus de tout ordre qui se prêtent au jeu et font de courtes apparitions dans le film, le temps d’un clin d’œil bien senti. Mercier est d’ailleurs bien entourée par les Pierre Curzi, Maxime Denommée, Martine Francke, Serge Postigo et la plupart des acteurs secondaires, malgré l’aspect caricatural des personnages.
Idole instantanée offre du plaisir en bonne quantité et juste assez de méchanceté pour détoner dans le paysage québécois habituel, sans être véritablement mesquin. De quoi plaire instantanément à presque tous et toutes, quoi.
par Nicolas Lacroix
vu en version originale québécoise