Horloge biologique Affiche de film

Horloge biologique

Dodging the Clock

  • Date de sortie: vendredi 5 août 2005 (limité)
  • Genre: Comédie

  • Réalisateur: Ricardo Trogi
  • Producteur: Nicole Robert
  • Scénario: Jean-Philippe Pearson, Patrice Robitaille, Ricardo Trogi
  • Studio: Odeon Films
  • Durée: 1h 40m
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Critique

Ah, les gars. « Can’t live with ’em, can’t live without ‘em” diront plusieurs femmes. Surtout après avoir vu Horloge biologique de ce traître de Ricardo Trogi, celui qui en dévoile trop sur cette étrange fraternité préhistorique que sont « les gars ». Est-il besoin de répéter que le film est la plus récente création du trio responsable de Québec-Montréal? Ben voilà, c’est fait.

Cette fois-ci, Trogi-Robitaille-Pearson visent la paternité, ou plutôt la résistance légendaire de certains hommes à celle-ci. Je crois qu’il est pertinent de vous dire que cette critique vous vient d’un homme dans la trentaine qui n’a pas encore reçu d’appel de la nature. La ligne est même possiblement « engagée ». Ce qui ne veut pas nécessairement dire que je me suis reconnu dans le film…

Papa d'un garçon de huit mois, Sébastien envie la grande liberté de ses chums qu’il ne peut plus suivre comme dans le temps. Paul voit quant à lui dans la grossesse de sa conjointe l’annonce de la fin de ses batifolages et cherche à retarder l’éventualité. Pressé depuis plus d’un an par sa blonde de se reproduire, Fred est prêt aux pires bassesses afin d'éviter que cela se produise.

À travers son trio (quatuor en fait) d’hommes à divers stades de la paternité, de « en plein dedans » à « ça ne m’arrivera jamais » en passant par « ça s’en vient vite », Horloge Biologique frappe fort, directement sur la tête des gars. Des tendances « autoflagellantes », Monsieur Trogi? Impossible de le voir autrement, tellement sa vision de l’homme québécois moderne est noire. C’est d’ailleurs ce qui est dommage, le film ne présentant qu’une facette, très négative, du québécois moderne. Remarquez, rien n’oblige Trogi et ses comparses à un portrait équilibré, mais quand même, la pilule aurait mieux passé.

Il faut dire que le film est merveilleusement bien écrit et rudement bien joué, ce qui lui donne sa force malgré de déséquilibre dans le message. Les dialogues et situations évoquent assez de situations réelles pour s’assurer que vous allez reconnaître au moins une attitude ou pensée que vous avez eue, ou sinon vous y reconnaîtrez un de vos « chums » (dans le sens masculin et féminin du mot).

Patrice Robitaille, Jean-Philippe Pearson et Pierre-François Legendre s’investissent à fond dans leur personnage, sans se soucier de leur motif. Ils se donnent sans crainte et de façon admirable à des personnages qui ne le sont pas. Ils sont dirigés de façon juste, sans tomber dans les excès.

La musique occupe une place de choix dans le film de Trogi, un peu comme elle le faisait dans C.R.A.Z.Y. de Vallée il y a quelques mois. Disons qu’il doit s’être dépensé pas mal d’argent québécois en redevances musicales cette année! L’important c’est qu’autant la nostalgie invoquée par les succès des années 80 que les moments plus « intérieurs » appuyés par la musique de Phil Électric et Frédéric Bégin conviennent parfaitement au film et en rehaussent de belle façon l’ambiance. Il ne faut voir dans Horloge Biologique qu’un portrait d’un certain type de québécois, ceux pour qui chaque partie de base-ball se termine aux danseuses, chaque 5 à 7 est une nouvelle occasion de se prouver qu’on « pogne encore », et chaque stade de l’engagement un nouveau piège à éviter. Pas pour rien qu’on parle de « gars » car le film ne parle pas des « hommes ». Est-ce une majorité de québécois dans la trentaine qui se reconnaîtront dans le quatuor de Trogi? J’espère que non mais j’ai peur que si.

Quant à moi, je rêve d’un monde meilleur, un monde où chaque film ne nous fera pas passer pour des imbéciles n’ayant absolument pas évolué. Un monde meilleur où le fait de ne pas vouloir d’enfant ne sera pas reçu comme une carence de caractère inexcusable. Ce qui ne m’empêchera pas d’avoir hâte de voir la prochaine belle trahison de Trogi et compagnie.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale française
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