Munich (v.f.) Affiche de film

Munich (v.f.)

Munich

  • Date de sortie: vendredi 23 décembre 2005
  • Genre: Thriller

  • Réalisateur: Steven Spielberg
  • Producteur: Steven Spielberg, Barry Mendel, Colin Wilson, Kathleen Kennedy
  • Scénario: Tony Kushner
  • Studio: Universal Pictures
  • Durée: 2h 44m
  • Site officiel: www.munichmovie.com
Lire en anglais

Critique

Le 5 septembre 1972, vers 4H30 du matin, huit terroristes palestiniens s’infiltrent à l’intérieur du village olympique à Munich, Allemagne, avec l’aide de quatre athlètes américains sympathiques qui revenaient au village clandestinement après une soirée de beuverie. À l’aide de clefs volées, les palestiniens pénètrent sans trop d’effort dans les deux appartements abritant les athlètes de la délégation israélienne. Le groupe Septembre Noir passe à l’histoire avec cette prise d’otage qui se termine en bain de sang. Voilà les faits connus.

De son côté, l’auteur canadien George Jonas affirme dans son livre Vengeance : L'histoire vraie d'une équipe anti-terroriste israélienne que l’histoire a une suite. Un agent de Mossad (les services secrets israéliens) lui a raconté son expérience à la tête d’une opération ultrasecrète, sanctionnée par la première ministre Golda Meir, pour assassiner les onze hommes qui ont planifié l’attentat de Munich. Le livre de Jonas a maintenant été adapté deux fois. La première en 1986, via la télé série canado-américaine Sword of Gideon, mettant en vedette Lino Ventura, Michael York, Sonia Benezra (!!!) et Steven Bauer entre autres, racontait de façon assez efficace la même histoire. Évidemment, Spielberg est un cinéaste beaucoup plus accompli que la moyenne et possède des moyens bien plus impressionnants. Son film, à placer parmi ses plus grandes oeuvres, est un des plus puissants de 2005.

Munich est véritablement l’oeuvre d’un artisan du cinéma en pleine possession de ses moyens. Aucune fausse note, une efficacité redoutable dans le récit et une mise en scène remarquable sont les principales qualités du film. Spielberg passe adroitement entre émotions, suspense implacable et chronique historique. Il arrive même à nous couper le souffle à quelques reprises, entre autres en nous montrant à la fois les images d’archives des téléjournaux de l’époque et ces mêmes événements recrées dans le même cadre. Il berce tantôt dans la beauté de la campagne française tantôt dans l’horreur d’une explosion plus puissante que prévu. À Mi-chemin entre le John Frankenheimer de Ronin et le Spielberg de La Guerre des mondes, le réalisateur use de toutes ses forces au profit d’un récit sublimement équilibré.

Il faut dire que Spielberg s’appuie sur un scénario absolument fantastique de Tony Kushner (Angels in America) et Eric Roth (The Insider, Forrest Gump). Leur version de Munich examine tous les angles, notamment lors d’une magnifique conversation entre nos « héros » israéliens et leur contrepartie palestinienne. Les scènes entre Avner et Papa, un mystérieux français incarné par Michael Lonsdale, semblent sorties tout droit de Le Parrain 2.

En plus d’un scénario de première classe, Munich profite d’une distribution exemplaire menée par Eric Bana, jamais meilleur, Matthieu Kassovitz et Geoffrey Rush. Ciaran Hinds, Daniel Craig, Hanns Zichler, Mathieu Amalric et Ayelet Zorer complètent la distribution. Ajoutons que Marie-Josée Croze y fait une apparition mémorable. Du premier au dernier, les acteurs sont impeccables.

Comme c’est le cas pour la majorité des films qui traitent la violence de façon réaliste et percutante, Munich nous laisse avec une grande tristesse face au sort que l’homme réserve à l’homme. Un des nombreux messages du film s’avère certainement que les idéologies ne remplacent pas la famille et le sentiment d’appartenance. En humanisant tout le monde, des terroristes aux assassins du Mossad, Spielberg ne prend position que d’un côté : pour l’humain. Ainsi, le blâme et la responsabilité de nos actes ne tombent nulle part et sur nous tous à la fois.

La véracité du récit peut être contestée, certes, puisque la seule source de l’histoire (sur lequel le livre de Jonas est basé) ne peut apporter de preuve de ce qu’il avance. Néanmoins, Spielberg et ses scénaristes s’assurent de la pertinence du film aujourd’hui, surtout en finale où les questionnements se multiplient sur la justification discutable des actions gouvernementales vengeresses. Son image finale renvoie directement à un autre septembre sombre sous forme d’un point d'interrogation on ne peut plus pertinent.

par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise

Change Location