Pirates of the Caribbean: At World's End
L’équipage de la Perle noire, commandée comme dans le bon vieux temps par le capitaine Barbossa, demande l’aide du pirate Sao Feng pour se rendre au bout du monde, où on espère retrouver Jack Sparrow. Pendant ce temps, sir Beckett tentera par tous les moyens d’éliminer les derniers pirates de la surface des océans.
Sur le DVD du film Pirates des Caraïbes : Le Coffre du mort, les scénaristes Terry Rossio et Terry Elliott avouent candidement qu’ils avaient épuisées leurs idées pour un film basé sur le manège de pirates de Disney dans le premier film de la série et qu’ils furent un peu pris au dépourvu lorsqu’on leur demanda de pondre non pas une mais deux suites. Le tournage combiné de Pirates 2 et 3 s’est même entamé sans que ledit scénario soit terminé. Avec un tel départ, pas étonnant que le troisième Pirates rejoigne Shrek et l’ami Spider-Man au palmarès des troisièmes volets décevants. À près de trois heures, à peu près aucune des péripéties inventées pour étirer la sauce n’est nécessaire. La majorité du film n’est que remplissage en attendant la bataille finale qui, elle, vaut la peine. Sauf que c’est trop peu trop tard et l’ennui s’est déjà installé à ce stade.
Le compliqué scénario ne livre en plus aucune des promesses qu’il fait. La confrontation tant attendue avec le Kraken : zéro. Le déchaînement de la déesse des mers Calypso : limité à un petit tourbillon semblable à ce vous aurez en tirant la chasse de votre toilette. Même l’extraordinaire Davy Jones est limité à un personnage tertiaire dans ce nouveau film. Donc le caractère spectaculaire et magique si présent dans les deux premiers films fait lui aussi défaut cette fois. On réussit même à gaspiller la participation de Chow Yun-fat dans un rôle sans saveur.
Sur trois heures (168 minutes pour être vraiment précis), il faut bien quelques moments réussis. La participation du rocker Keith Richards en est un. La séquence onirique de Jack Sparrow dans le désert blanc en est un autre. La résolution de l’histoire d’amour entre Will Turner et Elizabeth Swann aussi, tout comme chaque séquence avec Geoffrey Rush, qui vole le « show ». Le sommet du film est probablement le sort réservé à Lord Beckett, séquence où l’on retrouve la marque du producteur Jerry Bruckheimer dans toute sa démesure.
Compliqué pour rien, beaucoup trop long et sans la folie contagieuse du premier épisode, ce troisième volet ne satisfera que les moins demandant des cinéphiles. Le plaisir n’y est présent que par moments, trop volatiles, et même le cabotinage sympathique de Johnny Depp n’arrive pas à maintenir notre attention. L’ère des pirates est révolue, ce troisième film le prouve sans l’ombre d’un doute.
Petite note: une séquence assez longue suit le générique de fin.
par Nicolas Lacroix
vu en version originale anglaise